Italie – extrême droite
Cent ans après la marche sur Rome, dans l’indifférence quasi générale, l’Italie s’apprête à élire à la fin septembre une première ministre biberonnée au néofascisme. À la tête d’une coalition de droite extrême, elle affrontera un Parti démocrate et un Mouvement 5 étoiles en difficulté, après leur soutien au gouvernement d’union nationale austéritaire.
Grande favorite des sondages pour les législatives anticipées du 25 septembre, Giorgia Meloni, cheffe du parti Fratelli d’Italia, a pris la tête d’une coalition dite de centre droit… qui rassemble également la Liga de Matteo Salvini et les berlusconiens de Forza Italia. Admiratrice de Mussolini, la candidate d’extrême droite déclare vouloir défendre « Dieu, la patrie et la famille », appelle à un « blocus naval » pour laisser les réfugiés se noyer en Méditerranée, et défend une politique pro-riches décomplexée, avec la promesse d’un impôt sur le revenu à taux unique.
On dit souvent de l’Italie qu’elle est un laboratoire, qu’elle éclaire l’avenir de la vie politique française. C’est dire si la situation fait d’autant plus froid dans le dos. Marine Le Pen ne cache d’ailleurs pas son intérêt pour sa cousine transalpine, qui deviendrait, avec Orban en Hongrie, l’un des piliers de l’extrême droite européenne. Le cocktail explosif est le même : démagogie populiste et fin du clivage gauche-droite, gouvernements technocrates pour mener les cures d’austérité, banalisation, révisionnisme, sans oublier les compromissions des partis au pouvoir et autres « triangulations » pour faire la courte échelle à l’extrême droite. En février 2021, l’alliance de Mario Draghi avec la Liga de Matteo Salvini a ouvert la boîte de Pandore. Là encore, il s’est trouvé peu de monde pour s’inquiéter de ce choix funeste de l’ancien président de la BCE. Le résultat est là.
Cinq ans pour mettre en oeuvre l’antidote à la peste brune
Alors, la France pourra-t-elle déjouer la théorie des dominos, sur laquelle compte Marine Le Pen pour sa conquête du pouvoir ? C’est déjà ce qui se joue pour cette première rentrée sociale et politique du second quinquennat Macron. La séquence électorale a permis d’éviter un scénario à l’italienne d’effacement total de la gauche de transformation.
Elle a maintenant cinq ans pour démontrer qu’elle est prête à mettre en oeuvre une révolution écologique et sociale, unique antidote à la peste brune.
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