VALEUR TRAVAIL : LE GRAND LEURRE

VALEUR TRAVAIL : LE GRAND LEURRE

5 août 2022
Catégorie(s) :

Capital / Travail

Au Parlement, au cours de la discussion d’une loi prétendument « pour le pouvoir d’achat », se sont agités une cohorte de députés aux couleurs de la macronie, de la droite et de l’extrême-droite, pour défendre ce qu’ils appellent « la valeur travail ». Ils le font évidemment pour soutenir celles et ceux qui leur soufflent à l’oreille : les grands actionnaires et détenteurs de capitaux.

« Nous voulons que le travail paye ! » s’écrient-ils en choeur, sous leur air fourbe. Ils n’ont évidemment aucune intention de considérer le travail à sa juste valeur et de le rémunérer en conséquence, puisqu’ils le considèrent comme « un coût ». Un comble, le travail étant le seul créateur de richesses. Le problème des capitalistes et de ses représentants est justement de trouver le moyen de rétribuer le moins possible le travail salarié pour augmenter d’autant leur profit. En commençant par le refus d’augmenter les salaires. Pour cela, ils dupent toutes les travailleuses et tous les travailleurs. Ils inventent une prime versée selon le bon vouloir de l’employeur, non assujettie aux cotisations sociales patronales, mais automatiquement à l’impôt pour les salariés. D’une pierre, deux coups : ils bloquent toute augmentation des salaires et assèchent les recettes de la Sécurité sociale. Demain, ils expliqueront que les déficits des caisses de la protection sociale sont tels qu’il faudra transférer ses missions aux assurances privées.

À ces dispositions, s’en ajoutent d’autres, comme la défiscalisation des heures supplémentaires alors que plus de la moitié des travailleurs les plus modestes ne paient pas d’impôt sur le revenu. En revanche, ces derniers paient très cher en ce moment la TVA et les taxes sur les carburants ou l’électricité. N’oublions pas la remise en cause des 35H, avec la possibilité de rachat des RTT par les employeurs.

La définition de la lutte des classes.

Depuis des années, les grandes entreprises touchent sans contrôle un crédit « impôt-compétitivité » équivalent à 40 milliards d’euros, un crédit « impôt-recherche », et bénéficient d’une réduction de la taxation des revenus du capital avec la fameuse « flat-tax » et de l’abolition de l’ISF. Le souci des droites n’est pas que le travail paye, mais que le capital rapporte ! La valeur du travail a toujours été le résultat d’un rapport de forces entre les détenteurs de capitaux et les travailleurs. C’est la définition de la lutte des classes.

Un pouvoir qui ne cesse de renforcer le pouvoir des dominants, n’est pas du côté du travail et de la création. Il l’a amplement démontré avec ses contre-réformes du droit du travail, sa loi-pacte, son abaissement de la fiscalité sur le capital. Aujourd’hui, il cherche des artifices pour ne pas augmenter le salaire minimum et s’exonérer de toute action durable. Il se moque éperdument des travailleurs de première ligne et des sacrifices des travailleuses et travailleurs aux corps usés dans les usines, les chantiers, derrière les bennes de ramassage des ordures, aux caisses et aux rayons des supermarchés ou dans les hôpitaux, en voulant les obliger de partir toujours plus tard en retraite. Rien non plus n’est encore envisagé pour mettre en oeuvre l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Quand seront pris réellement en compte les drames au travail ? 539 833 accidents du travail en 2020. 40 219 maladies professionnelles. 79 428 accidents de trajets. Y a-t-il un mot, un acte, une décision pour réduire ces drames ? Aucun.

Libérer le travail de la domination des capitaux privés.

L’utilisation par ceux qui nous gouvernent de ces mots « valeur-travail » n’a pour objectif que de culpabiliser les chômeurs afin de préparer une nouvelle contre-réforme de l’allocation chômage et de conditionner le revenu de solidarité active à un travail obligatoire. L’objectif est de diviser les citoyens entre eux pour que les puissants soient tranquilles, à l’abri de mouvements populaires. C’est aussi le moyen de créer les conditions d’un nouvel abaissement des rémunérations de tous les travailleurs.

L’ennemi d’un privé d’emploi n’est pas celui qui a un travail et l’ennemi d’un salarié n’est pas celui qui touche le RSA, pas plus que les immigrés, mais bien ceux qui favorisent le capital au détriment d’un travail utile, correctement rémunéré. Ne pas se diviser et agir pour une nouvelle répartition des richesses et une nouvelle manière de les produire permettrait réellement de commencer à parler du respect de « la valeur travail ». Le reste est un leurre !

L’ambition de notre époque devrait être d’engager un processus pour libérer le travail de la domination des capitaux privés. Il est temps que les citoyens, les travailleurs puissent exercer leur pleine souveraineté sur le travail. C’est le combat de l’heure !

 

 

 

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