Chirac est passé au travers des mailles, Bismuth-Sarko godille entre les tourbillons judiciaires… Macron est arrivé, mis en orbite par Hollande, Attali et une cohorte hétéroclite d’« ennemis de la finance ». McKinsey, Amazon, Uber… on savait l’ex-banquier aux aguets des bons tuyaux et âpre à la tâche pour les faire fructifier. Il « assume » en « nous regardant » : Uber a créé des emplois, dit-il. Un nouveau mot aussi : « uberisation », rime riche avec atomisation ; celle du monde du travail, camisolé serré pour que les tiques comme Uber bâfrent en toute quiétude.
Je me suis plu à imaginer ces liaisons élyséennes filandreuses descendant les Champs-zé, le 14 juillet, au pas de la loi libérale : « Marché, marché… qu’un fric impur abreuve de picaillons ! ».
J'esquive les défilés, fussent-ils commémoratifs. Car il y a tant à dire sur les « accommodements » de l’Histoire au goût des régimes politiques. Déjà le 14 juillet 1790, Fête de la Fédération, où, selon J. Michelet, l’évêque défroqué d’Autun, l’ondoyant Talleyrand priait la girouette Lafayette : « Je vous en prie, ne me faites pas rire ». Je ne ris pas du 14 juillet. Mais je vénère la lucidité d’Anatole France : « On croit mourir pour la Patrie, on meurt pour les industriels. »
Preuve par l’Ukraine, où chacun joue des coudes à coups de dons d’attirails de mort, de promesses d’Europe, tout en barattant pour préparer à son profit le beurre de la reconstruction. Retour sur investissement. Les Américains avaient fait le coup avec le plan Marshall.
De ces liaisons filandreuses, intriquées, opaques, la République agonise. Elles pourrissent le monde. Par la guerre, de la pauvreté, de maladies ou d’accidents du travail, de ses fatigues… de faim même, on meurt partout pour les industriels.
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