Mardi fut projeté en Avignon, en présence de Roland Gori, un documentaire de Xavier Gayan intitulé Roland Gori, une époque sans esprit, qui montre une société, la nôtre, où la rentabilité devient la seule valeur et donc où tout est une marchandise potentielle, les êtres humains comme les services publics. La récente révélation concernant l'implication d'E. Macron dans l'établissement et la prospérité d'Uber en France n'a donc rien d'étonnant. Ce qui est en revanche un sujet de scandale, comme l'a fait remarquer C. Sylvestre, c'est qu'il l'ait fait parce qu'il n'y a plus une majorité politique pour penser autrement, qu'il faut préserver et même renforcer le Code du travail, par exemple.
La droite, l'extrême droite, le gouvernement socialiste de Hollande n'ont cessé de l'attaquer quand ils ne s'attaquaient pas aux syndicats. Mais ces courants politiques reflètent aussi une pensée relayée par les médias : l'État doit être au service de l'efficacité, et les règles et les contraintes qui régissent le travail l'entravent. On ne parle plus d'utilité mais d'efficacité ; et l'efficacité d'un plan de sauvetage de l'Hôpital n'est pas utile à la santé publique puisqu'il s'agit essentiellement de fermeture de lits, de services ou d'établissement de soins.
La seule logique est comptable. Uber c'est le privé qui a le droit, en payant le minimum d'impôt, d'exploiter au maximum les hommes sans les salarier, en les abandonnant pour le reste aux services publics qui, eux, se délitent de jour en jour par cette même logique. Dire que le communisme est l'avenir de l'humanité n'est pas du lyrisme, c'est l'unique moyen de la sauver de ce naufrage.
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