LE FÉMINISME A-T-IL UNE COULEUR POLITIQUE ?
Le philosophe Yvon Quiniou lors de sa conférence à l’Upopaube.

LE FÉMINISME A-T-IL UNE COULEUR POLITIQUE ?

18 juin 2022
Catégorie(s) :

Société

Un très intéressant article de Violaine De Filippis-Abate, paru dans l'Humanité du 15 juin, oppose ce que serait le féminisme de droite à celui de gauche.

Tous les deux revendiquent l'égalité des droits mais pour celui de droite il y aurait un appétit des féministes pour la prise de pouvoir dans la société, et, finalement, la reconduction d'un modèle d'oppression qui ne gêne personne, puisque le capitalisme et son précieux adjuvant, le patriarcat, ne sont pas combattus. La question à se poser pourrait être celle-ci : en quoi l'imitation d'un modèle masculin performant dans une société capitaliste, gêne-t-elle cette société ? Mis à part le fait que les femmes peuvent occuper des places de pouvoir que les hommes se réservaient, cela ne change rien au système, au contraire, cela le renforce. Mais, dans la mesure où ces femmes de pouvoir vont exploiter dans l'exercice de leur métier d'autres femmes, puisque tel est le moteur du capitalisme, peut-on parler encore de féminisme ?

Le féminisme de gauche, comme l'a montré le philosophe Yvon Quiniou dans une conférence à l'Upopaube et dans son dernier livre*, est fondé sur l'idée marxiste d'émancipation, ce qui suppose une démarche collective et la volonté de subvertir le capitalisme et le patriarcat. À la différence du féminisme de droite qui est fondé sur une démarche individualiste, le féminisme de gauche se veut collectif, d'où des manifestations parfois chorégraphiées, souvent inventives. Leurs détracteurs n'hésitent d'ailleurs pas à les ridiculiser ou à les faire apparaître comme dangereuses.

En quoi la société se sent-elle alors en danger ?

Il s'agit dans ce cas de refuser le système patriarcal qui assigne des fonctions au genre masculin ou féminin, et cela remet en question toute l'organisation familiale et même l'organisation dans l'entreprise : il est quand même plus risqué aujourd'hui d'appeler sa secrétaire « mon petit » et d'avoir un geste déplacé, parce que l'application de la loi vient de la force du collectif, syndicat, association féministe, réseau social.
Les féministes ont obtenu par leurs luttes que la notion de chef de famille disparaisse, elles ont obtenu de pouvoir transmettre leur nom de famille à leurs enfants, ce qui crée le trouble chez certains alors que la société acceptait très facilement, voire souhaitait, qu'une femme prenne le nom de famille de son mari. Elle faisait ainsi partie des biens possédés. Mais affaiblir le patriarcat, c'est affaiblir le capitalisme, l'un et l'autre étant fondés sur l'exploitation, et c'est pour cela que le féminisme de gauche apparaît comme une menace à l'ordre existant quand celui de droite n'en fait que la promotion.

* Pour que l'homme ne soit pas l'avenir de la femme, édition L’Harmatta 2022.

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