RACKET ÉLECTORAL

RACKET ÉLECTORAL

15 avril 2022

ÉDITO

10 jours avant le 1er tour, tout le monde à gauche et même au-delà, saluait la bouffée d’air frais qu’apportait Fabien Roussel dans cette élection présidentielle. On parlait alors de révélation tant ces propositions rencontraient l’aspiration d’une large partie de l’électorat populaire.

De celui de cette gauche ordinaire, communiste, anticapitaliste et même socialiste qui avait pour une part déserté les urnes ou s’était éparpillé vers d’autres espérances. Enfin le Parti communiste faisait entendre à nouveau sa voix à l’élection présidentielle et ça détonnait : Un nouveau projet de société post-capitaliste, clair sur les questions de laïcité, qui parle de tranquillité publique avec des réponses progressistes, un positionnement, unique à gauche sur la question climatique, avec le mixte énergétique et le développement du nucléaire dans le cadre d’un grand service public, pour garantir des prix bas et une énergie décarbonée.

La question de l’argent également avec l’objectif de reprendre la main sur la finance, la nationalisation de grandes banques et d’un groupe d’assurance, la lutte contre l’évasion fiscale avec le prélèvement à la source des bénéfices des multinationales, tout cela afin d’aller chercher l’argent là où il est et irrigué la société afin de répondre aux besoins de la population.

Le siphonnage du vote utile

La candidature de Fabien Roussel a créé, un réel élan, que même la peau de banane de Médiapart sur son travail d’attaché parlementaire n’a pas stoppé. Et nous remercions celles et ceux qui ont gardé leur conviction en votant pour Fabien Roussel.

Nous avons flirté avec les 5% jusqu’à ce que de façon très méthodique et très organisée, le discours de pression du vote utile se mette en place. Et il a siphonné au profit des trois candidats apparaissant comme pouvant se qualifier pour le 2ème tour, l’ensemble des autres candidats de gauche comme de droite.

Et cela avec une accélération incroyable dans les dernières heures avant le scrutin. Pécresse qui était encore donnée aux alentours des 10% a perdu plus de la moitié de ses électeurs qui voyant Mélenchon monter ont préféré assurer la qualification de Macron pour les uns et Le Pen pour les autres.

Idem à gauche ou pour assurer la présence d’un candidat de gauche (qui entre parenthèse ne parle jamais de la gauche, pas même une fois dans sa circulaire.) une bonne partie des électeurs de Jadot et Roussel ont cédé au vote dit utile dans les derniers jours.

Selon les données de l’enquête de l’Ifop, la capacité du candidat « à être présent au second tour » a constitué un élément déterminant pour 56% des électeurs. 62% concernant les électeurs de Mélenchon. Nous sommes donc bien loin d’un vote d’adhésion à un projet, mais face à la terrible mécanique de cette 5ème République qui fait de l’élection d’une personne à la présidence de la République l’alpha et l’oméga de la vie politique française.

La vie politique structurée par des partis porteurs de visions de société ou représentant des intérêts de classe sociale s’est transformée en une vie publique organisée autour de candidats visant le second tour d’une élection.

Le vote tactique vide d’engagement citoyen

Cette évolution fait que les électeurs sont de plus en plus placés dans une logique non pas de vote pour des idées, mais de calculs tactiques dès le 1er tour. Difficile de produire de l’engagement citoyen dans ces conditions. Et c’est pour être certain de jouer l’ultime face à face que, depuis des décennies, à gauche comme à droite, on instrumentalise l’extrême droite.

Dans de telles conditions, nous avons eu les trois candidats qui ont progressé ensemble pour au final former trois blocs d’électeurs qui peuvent pour une bonne partie passer d’un bloc à l’autre sans aucune considération de conscience de classe. 30% des électeurs de Mélenchon s’apprêtent à voter à l’extrême droite, quand un autre tiers les renvoie dos à dos.

Ne pas instrumentaliser la déception des électeurs de gauche

Face à ce nouvel échec, la déception et la colère des électeurs de gauche est grande. Le pire serait de l’instrumentaliser en faisant porter le chapeau de la non qualification de Mélenchon aux autres candidats de gauche.

Dans cette situation on attend de la gauche qu’elle prenne la hauteur de l’analyse nécessaire. Et qu’elle n’occulte pas les raisons pour laquelle depuis l’élection présidentielle de 2017, les forces progressistes sous le leadership de la France insoumise ont été incapables de se réunir.

Ne pas faire cette autocritique nous empêcherait de reconstruire une gauche forte et mènerait à coup sûr au même résultat de division la prochaine fois. Et puis quand même, regardons bien en face la réalité des chiffres de cette élection présidentielle : près de 13 millions d’abstentionnistes, 543 000 votes blancs.

À cette élection présidentielle, il y a eu certes un candidat de gauche en plus qu’à celle de 2012, mais surtout 4.766 860 voix de gauche en moins. Ce n’est donc pas du côté du nombre de candidats qu’il faut trouver un coupable. L’extrême droite progresse de plus de 4 millions de voix et l’on veut faire porter le chapeau à l’unique candidat qui a essayé de parler à celles et ceux qui se trompent de colère en votant Le Pen.

Il s’agit maintenant de se mobiliser pour empêcher l’extrême droite de mettre la main sur la République en utilisant le seul bulletin de vote qui est à notre disposition pour cela. Ensuite, Il sera temps de travailler à la reconstruction de la gauche dans les actes, en se présentant rassemblée, dans le respect de la diversité de la gauche aux élections législatives.

 

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