CHILI AU COEUR

CHILI AU COEUR

4 février 2022
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Par José Alvarez

BERLIN, août 1973. Festival Mondial de la Jeunesse consacré à « la solidarité anti-impérialiste, à la paix et à l’amitié ».

26 000 jeunes venus du Monde entier avec pour vedette la délégation chilienne avec qui j’ai passé tout le festival. Nous n’avions pas encore vingt ans, nous avons failli étouffer quand est apparue Angela Davis fraîchement libérée grâce à la solidarité internationale. Valentina Terechkova, première femme cosmonaute, et Yasser Arafat étaient les autres invités d’honneur d’une gigantesque fête de l’humanité de la jeunesse internationale. Nous avons ris, chanté, dansé et travaillé tous ensemble à l’avenir du Monde ; partout résonnait « El pueblo unido jamàs serà vencido »

SANTIAGO 11 septembre 1973. Je me demande depuis presque cinquante ans ce que sont devenus mes amis chiliens, invités à séjourner en RDA après le Festival.

Ont-ils été arrêtés à l’aéroport, torturés, assassinés par la junte de Pinochet ? S’ils ont vécu, je suis certain que leurs enfants et même leurs petits-enfants défilent aujourd’hui avec un T-shirt de Salvador Allende.

Que constituait donc son crime ? Allende était possédé par deux fatales déterminations, rendre le cuivre à son pays afin de financer les réformes destinées à affranchir son peuple de la misère et surtout, respecter les institutions, ne jamais être mis en défaut sur la légitimé de son action. Une nouvelle voie révolutionnaire non violente !

C’était un inacceptable exemple pour les colons nord-américains. Et si cela faisait tache d’huile dans les autres pays d’Amérique latine ?
Le monde connait maintenant la culpabilité de La CIA qui a financé le salaire des chauffeurs routiers pour qu’il se mettent en grève, ainsi que le manque à gagner des petits patrons pour qu’ils refusent le travail de leurs salariés, organisant le chaos économique, le blocage du pays, la pénurie « communiste » et orchestrant ainsi la désillusion populaire.

Le 10 septembre, veille du coup d’état, le général Pinochet réaffirmait à Allende son légalisme et celui de l’armée. Vous connaissez l’abominable suite…

SANTIAGO 19 décembre 2021. Victoire historique du candidat de gauche, Gabriel Boric.

L’ancien député et leader étudiant de 35 ans a remporté l’élection présidentielle avec 56 % des voix contre le candidat d’extrême droite, José Antonio Kast. A la tête d’une coalition très vaste allant du Parti communiste au centre gauche, Il a promis d’instaurer un État-providence. Certains l’accusent déjà, avant même qu’il soit en fonction, de droitisation, pour sa complaisance envers les carabiniers, parce qu’il a nommé ministre des Finances l’actuel président de la banque centrale, ou encore qu’il a déclaré que le Venezuela était un échec. Il a cependant nommé au ministère du Travail une communiste, ancienne syndicaliste, afin de mener les importantes réformes structurelles, retraites, temps de travail, augmentation des salaires… Comme le dit le nouveau porte-parole du gouvernement, membre du Comité central du parti communiste : « c’est un gouvernement principalement de centre gauche ».

Et il le fallait, car avec le soutien de tous les partis du centre gauche, des humanistes, des écologistes, on obtient juste une petite majorité à la chambre des députés. Afin de pouvoir mener les réformes dans le rapport des forces du Chili d’aujourd’hui, il s’agit donc probablement de la meilleure des équations, si personne ne se dégonfle, même si nous en souhaiterions une plus forte, avec moins d’inconnues. Tous les ministres se sont engagés sur la politique du président et son programme. Mais hors de l’Assemblée, Il faudra surtout, comme nous l’avons appris depuis longtemps déjà, un soutien, une implication, une détermination du peuple.

Le 8 mars, les femmes seront dans la rue. Le 11 mars des manifestations dans tout le pays accompagneront le nouveau président à la Moneda où il définira ses priorités. Mars et avril seront semés de grandes manifestations syndicales pour aller construire un premier mai historique. Nous observerons alors la force du vent populaire, sans lequel la social-démocratie se cantonnera à son habituelle frilosité.

Avec le Chili au coeur, la solidarité internationale, et la nôtre en premier, devra,-elle aussi, se manifester puissamment.

« Travailleurs de ma patrie, ayez foi dans le Chili et dans son destin. D’autres hommes dépasseront ce moment gris et amer où la trahison prétend s’imposer. Continuez en sachant que bien plus tôt que tard, ils ouvriront les grandes avenues par lesquelles passent les hommes libres, afin de construire une société meilleure »

Dernière déclaration de Salvador Allende avant que la radio ne soit coupée.

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