Élection présidentielle - crise sanitaire
Le choix du clivage fait la semaine passée par Emmanuel Macron, en agressant une partie des Français dont il déniait en même temps la citoyenneté, a eu des effets immédiats en remettant des milliers de personnes et de la tension dans les rues.
On peut le déplorer tant cet amalgame entre antivax forcenés, anti- passe vaccinal, agitateurs d’extrême droite, complotistes vient ajouter à la crise sanitaire des inquiétudes supplémentaires, et comme une crise morale, voire sécuritaire. Le pays va mal. Dans les familles, les relations en arrivent à se tendre, de la colère monte aussi, parfois, chez les soignants, dans la population, contre celles et ceux qui jusqu’alors ont refusé de se vacciner ou négligé de le faire, quand il ne s’agit pas du choix militant d’une minorité. La France souffre de ces fractures.
C’est dans ces conditions que l’on a le sentiment, à trois mois de l’élection présidentielle, que le virus contamine aussi les débats et la démocratie. Le champ de la parole publique a été squatté, depuis des mois, par les thèmes de l’extrême droite. Et, aujourd’hui, comment évoquer sereinement, arguments contre arguments, les questions du pouvoir d’achat, de la fiscalité, de l’énergie, de la crise environnementale, pour faire avancer des propositions concrètes, dans ce climat délétère ? N’est-ce pas là une des raisons pour lesquelles la gauche, par-delà ses divisions et son impuissance à se rassembler, est difficilement audible ? Les conditions de la campagne, les difficultés des contacts et des rassemblements ne vont faire qu’aggraver cette situation.
On ne peut être dupe. La provocation d’Emmanuel Macron, on le sait, était délibérée et, nous l’avons écrit, indigne. Le président de la République, à rebours de sa fonction, la première dans la nation, ne cherche pas l’apaisement, la concorde, au contraire. Il entend appuyer sur les divisions qu’il contribue à créer pour mieux régner, pour sa réélection, pour occulter tout véritable débat politique et social. Il appartient à toutes les forces de gauche, dans leurs différences, de tout faire pour que ces débats aient lieu. Pour les trois mois à venir et après.
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