UN VERITABLE BANDITISME D’ÉTAT !

UN VERITABLE BANDITISME D’ÉTAT !

23 juillet 2021
Catégorie(s) :

Par Patrick Le Hyaric, Directeur le l'Humanité

 

Pegasus, c’est le nom du logiciel de la start-up israélienne NSO Group, un puissant outil d’espionnage ciblant les smartphones.
Le consortium de journalistes Forbidden Stories et Amnesty International ont eu accès à une liste de 50 000 numéros de téléphone – dont 1 000 Français – sélectionnés en vue d’une surveillance.

Qui, dans les chancelleries européennes, peut sans fard prétendre qu’il ne savait pas ? La vaste opération menée par plusieurs États visant à soutirer les informations contenues dans des milliers de téléphones, grâce à un logiciel espion fabriqué en Israël par une société liée à son ministère de la Défense, est connue depuis quatre années désormais.

Des régimes qui piétinent allègrement les droits humains en ont bénéficié pour écraser la voix des démocrates, pourchasser les oppositions politiques et espionner journalistes, avocats ou responsables politiques. À la clef, harcèlements, emprisonnements, assassinats… La lutte contre le terrorisme a décidément bon dos !

Ce silence devient complicité. Pourquoi aucune explication n’a été demandée ni au pays hôte du logiciel ni aux États qui en font usage contre leur population ? Il aura fallu qu’un consortium de journalistes s’y penche de plus près pour briser l’omerta.

Une puissance inédite pour surveiller et réprimer

Le président de la République ne peut rester inerte, sauf à se faire complice de ce banditisme étatique. Il doit demander des comptes, notamment au gouvernement israélien avec lequel l’Union européenne est liée par un accord d’association. Car une question se pose : Israël use-t-il du commerce de son logiciel comme d’une monnaie d’échange pour garantir son impunité et ses positions géopolitiques ?
Une question loin d’être anodine alors que les rapprochements se sont multipliés précisément entre Israël et nombre des régimes incriminés, dont le Maroc, l’Arabie saoudite, les Émirats, le Rwanda ou encore la Hongrie, seul pays européen embarqué dans cette barbouzerie.

La France et l’Union européenne doivent également suspendre les accords d’association avec le royaume du Maroc qui cible des journalistes français, dont notre collègue de l’Humanité Rosa Moussaoui, coupables d’avoir eu le courage de révéler le sort atroce réservé à des journalistes marocains. Pour bien moins que ça, d’autres pays sont actuellement placés sous un sévère régime de sanctions.

Dans la course effrénée aux nouvelles technologies, les pouvoirs politiques et les forces économiques ont acquis une puissance inédite pour surveiller et réprimer. Les citoyens ne doivent pas rester seuls face à cette sous-traitance de la surveillance qui menace gravement nos libertés, dont celle d’informer.

La France doit saisir le Conseil de l’Europe sur ces agissements délictueux et criminels et travailler avec l’ONU à la mise en place d’une convention internationale de lutte contre ces armes numériques qui violent nos intimités autant qu’elles menacent nos libertés.

L’HUMANITÉ PARMI LES CIBLES

Dans la longue liste des cibles mises sous surveillance via le logiciel Pegasus de NSO Group figurent de nombreux journalistes dont les téléphones ont été espionnés par les services de renseignements marocains. Victime de ces agissements, l’Humanité prend des dispositions en vue de porter plainte auprès du procureur de la République. Selon les données de l’enquête coordonnée par Forbidden Stories, le numéro de notre consoeur Rosa Moussaoui est l’un des 50 000 potentiellement ciblés par le logiciel espion et aurait fait l’objet d’une surveillance à compter d’août 2019.

Cette atteinte à la liberté de la presse et à la protection des sources vise l’Humanité, qui compte parmi les premiers médias à avoir régulièrement fait place dans ses colonnes aux mouvements sociaux, à leur répression ainsi qu’aux attaques qui frappent les journalistes indépendants et toutes les voix critiques du pouvoir au Maroc. Le ciblage du numéro de la journaliste est ainsi intervenu après de nombreux reportages et enquêtes sur ces sujets. En amont de cette mise sous surveillance numérique, notre consoeur s’est notamment rendue sur place en 2017 pour rendre compte de la révolte contre le régime monarchique qui battait son plein dans le Rif, faisant par la suite état sans relâche des mobilisations exigeant la libération des prisonniers politiques du hirak marocain. De même, l’Humanité s’est notamment attaché à faire connaître et à dénoncer le sort des prisonniers politiques sahraouis.

Partager l'article :

Les dernières actus

LES POLITIQUES LIBÉRALES METTENT NOTRE SYSTÈME DE SANTÉ EN URGENCE VITALE !

Notre droit à la santé se réduit de plus en plus suite aux réformes libérales qui cassent notre système de santé. Depuis des décennies, les gouvernements successifs n’ont de cesse de chercher à faire des...

PODIUM

Paris va accueillir les Jeux olympiques. L'événement planétaire suscite moultes polémiques. Certaines sont justifiées, d’autres spécieuses à finalités politiques. Parler d’amitié, de respect, d’excellence, de détermination, d’égalité, d’inspiration et de courage, c’est évoquer les valeurs...

DES MAISONS DE SANTÉ, POUR QUEL RÉSULTAT ?

L’Aube fait toujours partie des départements les plus mal lotis en nombre de médecins généralistes : 69,4 pour 100 000 habitants alors qu’on en compte 139,3 pour les Hautes Alpes, département le plus pourvu. La...
1 2 3 316

Vous ne voulez rater aucun numéro de la Dépêche ?

Abonnez-vous, vous recevrez chaque numéro dans votre boîte aux lettres.
Je m'abonne

© 2024 - La Dépêche de l’Aube

Création : Agence MNKY

magnifiercrossmenuchevron-down
linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram