LA DÉTRESSE DES TRAVAILLEURS SOCIAUX

LA DÉTRESSE DES TRAVAILLEURS SOCIAUX

4 juin 2021
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Audrey Adam, travailleuse sociale a été tuée dans l’exercice de ses fonctions le 12 mai dans notre département de l’Aube. Elle n’a pas eu le droit à un hommage national.
Preuve de l’absence totale de considération pour cette profession essentielle.

Le meurtre d’Audrey Adam, assistante sociale de 36 ans attachée au pôle des solidarités du département de l’Aube, par un homme de 83 ans qu’elle accompagnait dans sa perte progressive d’autonomie, est un drame affreux dont il appartient aux enquêteurs de connaître les circonstances.
C’est aussi une expression tragique des fractures de notre société et des difficultés auxquelles celles et ceux qui les vivent au quotidien sont confrontés. Une pétition reflétant l’indignation des travailleurs sociaux avec des dizaines de milliers de signatures, circule demandant au gouvernement un hommage national à Audrey Adam et une reconnaissance de leur travail et de leur engagement.
« Un pognon de dingue ! » On se souvient des mots d’Emmanuel Macron à propos du coût des aides sociales. Les travailleuses et travailleurs sociaux doivent le savoir. Celles et ceux qu’ils accompagnent sont un coût et donc elles et eux en sont un, avec des salaires à 1 400 euros et des conditions de travail de plus en plus dégradées. Lassitude, découragement, quand on a l’impression que les actions menées sont des gouttes d’eau dans un océan de précarité, de mal-vivre, voire de détresse, peur quand la violence mine les rapports humains.
Les accidents du travail, les difficultés psychosociales au travail, les difficultés de recrutement et les demandes fréquentes d’affectation ou de secteur touchent davantage encore les travailleurs sociaux que les autres professions. Dans ces conditions infernales, les travailleurs sociaux sont à bout de souffle et réclament plus de moyens humains, financiers et de formations continues.

Une tout autre prise en compte du travail social au service du public est nécessaire

Mais, à ces conditions d’exercice d’un métier difficile, s’ajoute une pression idéologique et politique à la mesure de la diffusion des thèmes de la droite et de l’extrême droite, y compris par le gouvernement et le président de la République. Les chômeurs sont des assistés, les bénéficiaires du RSA ne veulent pas travailler, les jeunes des quartiers sont une menace…
Nous avons vécu au cours des dernières décennies un véritable renversement de points de vue. Les victimes des inégalités en sont devenues les responsables. On a transformé les problèmes sociaux en fautes individuelles. Comment en serait-il autrement quand il suffit, encore des mots du président, de « traverser la rue pour trouver un travail ».
Le drame de l’Aube appelle un hommage national à Audrey Adam et, au-delà et durablement, une tout autre prise en compte du travail social au service du bien public. C’est certainement ce que les centaines de participant.e.s à la marche blanche le 22 mai à Mergey avaient sans doute en tête lorsqu’elles et ils ont rendu hommage à la conseillère en économie sociale et familiale.

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