

Assemblée nationale
Les motions de censure n’ont pas abouti : la “suspension” de la réforme des retraites permet au Premier ministre et à son gouvernement de rester, pour l’instant, en poste, mais les débats vont désormais rentrer dans le dur à l’Assemblée nationale avec l’examen d’un budget plus austéritaire encore que celui de F. Bayrou.
En 2007, dans Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde ! Denis Kessler, alors numéro 2 du MEDEF, écrivait : « Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance !... Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasi-disparition du parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l’essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l’on puisse envisager l’aggiornamento qui s’annonce. »
18 ans après, c’est le capitalisme qui s'enfonce de plus en plus dans une crise systémique, malgré des gouvernements successifs qui lui étaient tous favorables, et la seule issue de la bourgeoisie, en dehors de la guerre, est plus que jamais de détruire les conquis sociaux pour les marchandiser, l'idée étant que tout argent public doit retourner de droit dans la poche du privé. En 2024 le montant du budget des pensions de retraite était en France de 353 Mds €, de quoi, évidemment, aiguiser les appétits.
La réforme des retraites de 2023 a pour origine prétextée l'équilibre budgétaire de son financement.
Selon le COR, le déficit officiel du système de retraite devrait s'établir à 13 milliards € en 2029. À mettre en regard avec les 211 Mds € d'aides publiques aux entreprises sans contrepartie ni contrôle... Les 400 millions € que coûtera, selon le Premier ministre, la “suspension” de la réforme des retraites en 2026, et les 1,8 Mds e en 2027, seront dans le budget compensés par des mesures comme le gel des APL, peut-être la suppression des APL pour les étudiants étrangers ( le RN remercie), le gel des retraites, et d'autres mesures sont annoncées au programme de l'austérité qui toucheront le budget de la Santé, comme le doublement de franchise des médicaments. Le logement et la santé sont deux préoccupations majeures de la population. En choisissant ces postes pour « faire des économies » budgétaires, il est clair que S. Lecornu veut faire « payer » aux classes populaires le coût politique de la “suspension”. Et le capital est rassuré.
3,5 millions de personnes sont concernées par cette “suspension” de la réforme.
On peut voir cela, bien sûr, comme une victoire idéologique des syndicats, des partis de gauche et de la mobilisation populaire, et le vote de jeudi sera très observé. Les députés PCF, à l'instar des EELV et des LFI, ont voté la censure, considérant le budget proposé pour 2026 comme « un musée des horreurs de régressions sociales ».
Tous sauf un, Yannick Monnet, député de l'Allier, qui considère que le débat est nécessaire pour exposer ses arguments et ses propositions afin de construire le budget, et que « pour que l'Assemblée nationale ait le dernier mot, encore faut-il qu'elle ne se prive pas de sa parole ». Il ajoute qu'il n'aura aucun mal à sanctionner le gouvernement, mais pas avant d'avoir tout essayé pour une sortie de crise. Comme le dit Igor Zamichiei, responsable à l’organisation du PCF, « Ensemble, faisons de la crise une opportunité pour le changement ! »
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