
10 septembre
Par Louis Michel
Certes, il y a de quoi être mécontent de la politique menée depuis des décennies par les gouvernements libéraux. Pour une grande majorité le mécontentement suscite une colère sourde et se termine par la résignation. Ces résignés peuvent être des bombes à retardement en étant instrumentalisés.
Le tour de vis budgétaire annoncé par Bayrou a provoqué un profond sentiment d’injustice sociale, une occasion rêvée pour profiter de ce désarroi à des fins revendicatives.
Ce n’est donc pas surprenant, tentant de ranimer l’esprit des gilets jaunes, de voir fleurir sur les réseaux sociaux l’appel à « bloquer le pays » le 10 septembre sous l’étiquette « les Essentiels ».
Ils incitent sur le compte « Telegram », à procéder collectivement à des boycotts, à de la désobéissance civile, à la solidarité et souhaitent une France souveraine.
Évidemment en embuscade, la fachosphère et la mouvance conspirationniste, tentent de récupérer l’appel, comme elles le firent au début du mouvement des gilets jaunes.
Mais qui se cache derrière cette nébuleuse, ce mouvement aux structures inconnues surgissant des réseaux sociaux, « les Essentiels » ?. En apparence apolitique, asyndical, pacifique, sans leader, il diffuse un discours consensuel efficace, avec sans en avoir l’air, une posture anticonstitutionnelle qui pourrait incarner le mécontentement face à des gouvernements incapables de résoudre les problèmes du quotidien et une gauche qui a déçu et qui pour l’heure ne donne pas d’espoir.
Similaires à ce que dit la gauche depuis toujours, leur mots-d’ordres revendicatifs dépassent le cadre d’analyse partisan, ils sont construits pour ratisser large, pouvant contenter les insatisfaits de gauche comme de droite, les indécis de tous poils, venus d’horizons divers, qui ont le même ressentiment.
Le mouvement commence à s’organiser, les fachos ont été virés de « Télégram », deux fédérations de la CGT (industries chimiques et commerces et services) ont pour l’instant appelé à rejoindre la mobilisation.
Le journaliste du journal L’Humanité, Cyprien Boganda, a pu échanger avec certains initiateurs. Certains députés socialistes, des Insoumis, et Alexis Corbière considérant que les propositions ne sont pas contradictoires avec les « valeurs progressistes » y voient des mots d’ordres « positifs ».
Ne voulant pas donner un chèque en blanc à ce mouvement difficilement cernable, la gauche et les syndicats, pour le moment sont dans l’expectative et observent.
L’erreur commise au début du mouvement des gilets jaunes reste dans les esprits ; il ne faudra pas louper la marche.
© 2025 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY