
Retraites
L’idée brillante de notre premier ministre s’est terminée en déconfiture. Une issue qui a semblé fatale à tout le monde sauf à lui, encore que, il est probable que l’organisation de son fameux conclave lui a juste permis de gagner du temps. Après des mois de réunions, le fameux conclave sur la réforme des retraites de 2023 s’est terminé ce lundi 23 juin avec le statu quo.
Un patronat inflexible
Négocier sans vouloir bouger d’un iota sur ses positions ressemble plutôt à de l’imposition. En effet, le MEDEF a depuis le début des réunions en février dernier, refusé toute discussion autour du retour à 62 ans pour l’âge légal du départ en retraite, mais aussi sur la question de l’augmentation des cotisations sociales.
Lors des dernières réunions, les syndicats encore présents avaient pourtant largement ouvert le débat en cessant de faire des 64 ans un préalable indispensable mais en essayant de tabler davantage sur la pénibilité ou les femmes avec enfants (grandes perdantes de la réforme 2023) mais là encore, rien, aucun bougé de la part du patronat. Ce qui, pour finir, donne raison aux syndicats ayant quitté la mascarade bien plus tôt comme la CGT. Ils avaient compris que cette concertation n’en n’était pas une et que rien ne bougerait.
Une réforme pourtant toujours très contestée :
La majorité des Françaises et Français était en effet opposée à cette réforme lors des sondages et continue à l’être aujourd’hui. Notamment sur la question des 64 ans sur lesquels le MEDEF refuse de bouger.
61 % des Français interrogés par l’Ifop en avril dernier souhaitent un retour à 62 ans. La mesure n’avait pourtant rien de ruineux (3,4 milliards d’euros en 2025 et environ 16 milliards en 2032), mais il aurait fallu pour le financer que le Medef daigne desserrer les cordons de la bourse.
Parlons aussi des femmes, puisque cette réforme a un impact particulièrement lourd pour elles. La réforme allonge le temps de travail des femmes encore plus que celui des hommes. Avant la réforme, les femmes étaient déjà 40 % à partir avec une carrière incomplète, puisque 80% des temps partiels subis sont occupés par des femmes. Avec la réforme du gouvernement, c’est la double peine : - les femmes sont plus nombreuses à devoir attendre 67 ans pour annuler la décote, - même après 67 ans, le montant de leur pension serait dégradé car elles n’auraient pas toutes leurs annuités ;
Le gouvernement devrait plutôt prendre conscience que lutter concrètement pour l’égalité salariale permettrait de financer les retraites : en effet, si les femmes étaient payées autant que les hommes, cela renflouerait les caisses et il n’y aurait plus besoin de faire cette réforme injuste !
Ça va tanguer à Matignon
Le fiasco attendu du conclave risque d’avoir des répercussions pour Bayrou. Rappelons qu’il avait eu cette brillante idée de conclave pour éviter de se faire censurer en février, le tout en promettant aux socialistes qu’à l’issue des réunions un texte serait par la suite proposé à l’Assemblée. Argument qui a fonctionné étant donné que, rappelons-le, la question de l’âge légal n’a pas été soumise au vote en 2023, elle a été adoptée à grand coup de 49.3.
Or, comme le conclave a fait chou blanc, il n’y aura donc pas de texte proposé. Olivier Faure a annoncé mardi 24 juin qu’en l’absence de texte présenté au suffrage des députés le groupe socialiste irait à la censure.
Cela tombe bien, puisque les députés communistes et écologistes ont déclaré par la voix de Stéphane Peu, président du groupe GDR, déposer une mention de censure qui sera évidemment proposée à tous les groupes du NFP.
Les députés communistes ont d’ores et déjà à l’initiative d’un vote sur cette réforme grâce à leur résolution pour l’abrogation déposée le 5 juin dernier, résolution qui a été largement adoptée par l’Assemblée. Cette journée a été marquante, puisque parallèlement, des milliers de personnes ont manifesté dans les rues pour continuer à marquer leur opposition à cette réforme.
Reste à savoir comment vont se positionner les élus d’extrême droite dans tout ça, encore une fois, ce qui est sûr, c’est que ce ne sera jamais du côté du peuple !
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