Sécurité sociale de l’alimentation
Le 19 janvier dernier, la Confédération paysanne de l’Aube, en partenariat avec la librairie coopérative Les Passeurs de textes, a organisé une journée « Quand la culture rencontre l’agriculture ». Lors de cette journée, un débat sur la Sécurité sociale de l’alimentation a été organisée avec Romain Deiber, paysan éleveur et responsable de la Confédération paysanne dans son département. La Dépêche de l’Aube était présente pour découvrir ce projet et entendre les propositions de la Confédération paysanne.
Qu’est-ce que le projet de la Sécurité sociale alimentaire ?
Ce projet est portée par plusieurs organisations et collectifs dont la Confédération paysanne, mais aussi Ingénieurs sans frontières Agrista, Réseau Salariat, Réseau Civam, le Collectif Démocratie Alimentaire, l’Ardeur, l’Ufal, Mutuale, l’Atelier Paysan, les Ami.es de la Confédération paysanne, VRAC, les Greniers d’Abondance, le Collectif les pieds dans le plat et le Réseau GRAP. D’autres organisations contribuent aux travaux et réflexions : le Miramap, le Secours Catholique. Ce projet est donc avant tout réfléchi et construit collectivement.
Les organisations du collectif sont parties du constat que le système capitaliste a des conséquences désastreuses à la fois sur la production alimentaire mais aussi pour l’environnement. Évidemment cela a des conséquences directes sur nous, les consommateurs « les mangeurs », l’alimentation devient une variable d’ajustement dans les budgets des familles et accéder à des produits de qualité, bio et locaux est un vrai casse-tête.
La solution serait donc de créer une nouvelle branche de la Sécurité sociale, sur la même base que la création des autres : universalité de l’accès, conventionnement des professionnels réalisé par des caisses gérées démocratiquement, financement par la création d’une cotisation sociale à taux unique sur la production réelle de valeur ajoutée.
Le projet est fondé sur 3 piliers :
. Universalité : tout le monde peut y avoir accès. N’importe quel résident sur le sol français, n’importe quel âge et quelle situation peuvent y accéder.
. Conventionnement démocratique : 150 euros dédiés à l’alimentation sur la carte vitale et orientés vers l’alimentation conventionnée et par territoire pour pouvoir consommer local. La décision de ce qui est conventionné et ce qui ne l’est pas doit être décidé de manière démocratique (pour l’instant la réflexion est toujours en cours, vote ? Tirage au sort ? …)
. Cotisation sociale : c’est du salaire collectif et socialisé. Chacun cotise selon ses moyens et obtient selon ses besoins.
Concrètement ça donne quoi ?
Concrètement, une carte vitale de l’alimentation donnerait accès à des produits conventionnés pour un montant de 150€/mois et par personne. Le conventionnement repose principalement sur des caisses primaires gérées démocratiquement au niveau local, et articulées avec une instance nationale composée de membres représentants de ces caisses.
Ce projet est lié au constat de la précarité alimentaire et en cela il répond au besoin de dignité et aux problèmes de santé publique liés à la nourriture industrielle trop consommée parce que peu chère. Il est donc une réponse à la précarité due essentiellement au chômage ou à des revenus du travail insuffisants, petites retraites ou petits salaires, inacceptables dans un pays riche.
Parallèlement, le PCF porte lui le projet d’une loi d’orientation et de programmation agricole. Elle aura pour objectifs de garantir des prix de base rémunérateurs du travail paysan, tout en contenant les prix des produits industriels nécessaires à la production, de lancer un programme de moyen terme d’installation de jeunes paysans-travailleurs vivant convenablement sans être contraints d’agrandir sans cesse leurs exploitations pour tenter de s’assurer un revenu. « Manger sain et à sa faim est un projet de société » comme l’a dit Fabien Roussel.
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