Aube
« Ces secrétaires de mairie qui se sucrent sur le dos des communes » voilà le titre scandaleux et racoleur de l’article paru la semaine dernière dans L’Est-Éclair.
À la lecture de cet article on se croit face à une mafia des secrétaires de mairie, profession qui marcherait en réseau pour voler l’argent public. L’article va même jusqu’à dire que de nombreux maires se plaindraient de l’incompétence de leurs secrétaires mais va plus loin en parlant carrément de « détournements de fonds » voire de « malversation ».
En revanche à aucun moment la parole n’est donnée aux fameuses secrétaires, à aucun moment la difficulté de ce métier n’est pointée. Difficultés qui ont pourtant été de nombreuses fois relatées jusqu’au Parlement, tant ce métier est forcé à la polyvalence et tant le recrutement en devient compliqué.
Ce métier, exercé à 94% par des femmes, est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Beaucoup d’entre elles, lorsqu’elles travaillent dans la ruralité, sont à cheval sur plusieurs collectivités, ensuite elles doivent savoir tout faire : État civil, urbanisme, cadastre, facturation, subventions, paie, marchés publics etc… elles doivent pouvoir donner des informations sur quasiment tous les sujets qui touchent les communes.
Cette polyvalence poussée à l’extrême peut largement entraîner des erreurs, des difficultés et même des burn-out. Par ailleurs, ce métier est si mal reconnu que les mairies peinent à recruter : en 2023 plus de 2000 postes étaient vacants.
L’Association des Maires de France le pointait d’ailleurs comme sujet préoccupant. Mais tout ce volet-là est absent de l’article de L’Est-Éclair…
L’article parle « des secrétaires de mairies » mais ne cite qu’un seul exemple : celui de la secrétaire de la mairie de Dienville. Sa révocation y est abordée, ainsi que l’accusation de s’être octroyée frauduleusement des compléments de salaires, mais à aucun moment la parole n’est donnée à la principale intéressée, pourtant jusqu’à preuve du contraire, présumée innocente. De même, le harcèlement qu’elle dénonce n’a, lui non plus, jamais été mentionné.
Un article à charge donc, face à une situation pourtant complexe, c’est bien dommage.
CERISE
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