
Élections des Chambres d’agriculture
Du 7 au 30 janvier 2025 se tiennent les élections des Chambres d’agriculture. Dans l’Aube, 16 000 votants, chefs d’exploitations, salariés agricoles, retraités, propriétaires fonciers… sont invités à faire entendre leur voix. Ces élections ont donc un véritable enjeu dans notre département. À cette occasion, La Dépêche de l’Aube a rencontré Arnaud Nunes, maraîcher à Aulnay et porte-parole de la Confédération paysanne de l’Aube et Olivier Horiot, viticulteur aux Riceys et tête de liste de la Confédération paysanne de l’Aube pour les élections.
Entretien réalisé par Camille Lainé et Joël De Paepe
LDA : Quels sont les enjeux et les objectifs de votre Confédération pour ces élections ?
Arnaud Nunes : un de nos premiers objectifs c’est qu’il y ait plus de diversité à la Chambre d’agriculture. En effet, la FDSEA est majoritaire depuis toujours dans notre département , lors des dernières élections nous avions réussi à avoir un siège, mais avant cela nous n’en avions aucun. Évidemment nous souhaitons conserver notre siège mais aussi en gagner un autre !
Il faut aussi dire que le mode de scrutin n’est pas ce qu’on pourrait qualifier des plus démocratiques. Pour le collège des chefs d’exploitations il y a 18 sièges, celui qui arrive en tête obtient d’office 9 sièges ; la moitié donc ; même s’il arrive en tête avec moins de 50%. Ce qui laisse, de fait, peu de place à la diversité…
Olivier Horiot : Nous souhaitons aussi aller voir les abstentionnistes ; lors des dernières élections, il y avait 46% de votants dans l’Aube, finalement ce n’est pas si représentatif que cela. Il faut donc populariser le débat, mais ce n’est visiblement pas du goût de nos adversaires, puisque qu’ils ont refusé le débat que nous avions proposé à L’Est Eclair.
LDA : Quelles sont les propositions phares que va porter la Confédération paysanne dans ces élections ?
Arnaud Nunes : La Confédération paysanne revendique le 1 million de paysans en France, contre 390 000 aujourd’hui. Ce qui va à rebours des politiques menées par nos gouvernants aujourd’hui.
Les sujets que nous portons sont au coeur des débats actuels : la souveraineté alimentaire, la lutte contre les accords de libre-échange et leur logique destructrice, le revenu agricole et le dérèglement climatique sur la nécessité d'atténuation et d'adaptation de ses effets… La Confédération paysanne est mobilisée sur tous les fronts.
Olivier Horiot : nous portons également beaucoup la question de la transmission, or dans l’Aube, la moyenne de surface agricole par exploitation dépasse allègrement la moyenne nationale. Nous sommes face à ce qu’on pourrait appeler des « usines à gaz », des surfaces énormes qui de fait deviennent très difficiles à transmettre et à reprendre. Ces énormes surfaces ne sont rachetées que par des financiers qui deviennent tout puissants. Ce n’est pas ce modèle-là que nous défendons.
LDA : Qu’est-ce qui différencie la Confédération paysanne des autres structures ?
Arnaud Nunes : Pour la FDSEA, le bilan de la cogestion est catastrophique et le double discours des dirigeant·es de plus en plus flagrant. Côté Coordination rurale, le populisme et l'agitation erratique cachent mal l'absence de propositions concrètes et de travail à tous les échelons, ils n’ont tout simplement pas de programme.
Nous, nous portons des propositions concrètes : la relocalisation par exemple : mettons nos produits dans les cantines auboises ! Tout est prêt pour cela, la loi EGALIM existe mais n’est pas appliquée réellement, rien n’est contrôlé. Il y a bien du bio dans les cantines oui, mais pas du bio local. Prenons l’exemple d’Huguier, la viande est bien transformée ici localement mais, par contre, elle vient d’ailleurs.
Olivier Horiot : La Confédération paysanne porte le revenu paysan. La rémunération du travail paysan est primordiale et essentielle : les paysan·nes doivent pouvoir vivre dignement de leur métier.
La Confédération paysanne demande dans un premier temps, la mise en place d'un prix minimum défini par la formule suivante :
PRIX MINIMUM = Coût de production + Rémunération du travail paysan (1 SMIC).
Nous sommes contre le Mercosur aussi sur l’aspect social : si le paysan crève ici, il crève la-bas aussi.
Nous portons le prix minimum d’entrée, ce qui aidera tous les paysans dans le monde.
Prenons le champagne comme exemple ! C’est un des seuls vins réglementés, tous les acteurs se mettent autour d’une table pour définir le prix. Il faut la même chose pour les autres produits.
Les Chambres départementales d'agriculture sont composées de 33 membres élus au suffrage universel pour 6 ans et répartis en dix collèges électoraux.
Cinq "collèges individuels" : le collège des chefs d'exploitation et assimilés (18 membres), le collège des propriétaires fonciers et usufruitiers (1 membre), le collège des salariés de la production agricole (3 membres), le collège des salariés des groupements professionnels agricoles (3 membres) et le collège des anciens exploitants (1 membre).
Cinq "collèges des groupements professionnels agricoles" : le collège des coopératives de production agricole (1 membre), le collège des autres coopératives et SICA (3 membres), le collège des caisses de Crédit Agricole (1 membre), le collège des caisses d’assurances mutuelles agricoles et des caisses de mutualité sociale agricole (1 membre) et le collège des organisations syndicales à vocation générale d’exploitants agricoles (1 membre).
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