LA DERNIÈRE COLONIE FRANÇAISE ?

Mayotte

Les ravages du cyclone ont peu ému le gouvernement, pour qui l'urgence est de bloquer l'immigration. Mayotte fut vendue aux Français en 1841 et la France en profita pour étendre ses colonies sur l'ensemble des Comores. Jusqu'en 1974, où, dans le cadre de la décolonisation, un référendum est organisé dans l'archipel des Comores. Seuls les Mahorais, à 63,8%, souhaitent rester français.

Reconsultés en 1976, ils confirment leur choix à 99,4%. Mais un principe du droit international est qu'une décolonisation doit s'effectuer dans le cadre des anciennes frontières ; l'ONU n'a donc jamais reconnu officiellement la partition politique des Comores. Une résolution de 1976 condamne même « énergiquement » la France et lui demande un retrait immédiat. Mais peu à peu les condamnations s'atténuent et quand J. Chirac, en tant que Président, se rend à Mayotte en 2001, il n'y a aucune réaction internationale. Les Comores condamnent la départementalisation de 2011 mais signent des accords économiques, juridiques et douaniers avec la France, reconnaissant ainsi implicitement sa souveraineté.

À Mayotte, c'est manque d'accès aux services publics, violence, pauvreté

77% d'habitants sous le seuil de pauvreté, c'est un record sur le territoire français. La classe ouvrière et rurale mahoraise, peu instruite, a un revenu très faible. Les infrastructures (eau potable) sont défaillantes La population comorienne, clandestine ou non, n'a accès ni à l'école ni à l'hôpital ni au droit du sol, mais c'est elle que l'on rend rend responsable de tous les problèmes de l'île.

Et c'est le sens des Collectifs de citoyens mahorais qui ont bloqué l'accès aux hôpitaux pour les étrangers, et qui ont fait du porte à porte pour les rechercher et les expulser. Estelle Youssoupha, députée mahoraise LIOT depuis 2022, fut présidente d'un de ces Collectifs ; en 2019, dans Libération, elle demande même que la France « envoie aux Comores des fusiliers-commandos pour dynamiter les usines qui fabriquent les kwassa kwassa* ». Le vote RN à Mayotte n'a donc rien de surprenant dans cette atmosphère de haine et de traque.

Les intérêts français

Mais si le gouvernement français traite les Mahorais en colonisés sans intérêt, le contrôle du canal du Mozambique, route du commerce mondial, et les importants gisements de gaz récemment découverts sont pour les serviteurs du capitalisme d'un très grand intérêt. Comme quoi le XVIII siècle colonial a de l'avenir.

* Canots de pêche comoriens