Il existe des gens qui pensent qu’i l suffit de déclarer quelque chose pour que cela existe. Ainsi F. Bayrou qui a déclaré que l'État et les pouvoirs publics locaux s'engagent notamment à "interdire et empêcher la reconstruction des bidonvilles", mais comme le dit le sénateur mahorais S. Oili, presque tous les bidonvilles sont déjà reconstruits à l’identique, avec les tôles et les matériaux récupérés.
Le premier ministre aurait été bien inspiré de se rendre dans un bidonville avant de parler. 90% des habitations ont été détruites sur l’île mais 80% des bidonvilles, selon l’association Architectes de l’Urgence, ont été reconstruits avec une précarité accrue des matériaux et du résultat final. Il convient, selon le président de l’association, de coconstruire avec les habitants, de coconstruire un habitat en dur avec des matériaux locaux, type brique en terre crue, en partant des besoins, donc du nombre d’habitants à loger et d’un plan d’urbanisation. F. Bayrou ne veut pas des bidonvilles mais ne parle pas de leurs habitants : essentiellement étrangers et très pauvres, ils ne l’intéressent pas. Comme l'a dit E. Macron, en bon néo-colonial, les habitants de l'île ont déjà beaucoup de chance d’être sur un territoire français, il ne faut pas qu’ils se plaignent en plus…
Dans le même ordre d’idée, F. Bayrou, prenant l’exemple de la reconstruction de Notre-Dame, se fixe un objectif de deux ans pour tout reconstruire. Il aurait dû prendre l’avis des architectes : vu l’étendue des dégâts, c’est juste impossible. Même chose pour la distribution d’eau : 390 000 bouteilles distribuées en 10 jours pour 320 000 personnes qui n'ont pas toutes été approchées, voilà de quoi être satisfait de l'action gouvernementale. Pour la réouverture des écoles, souvent sans toit ni chaises, il suffit de donner une date et les professeurs se débrouilleront ; des professeurs ont justement alerté E. Borne sur la situation réelle des distributions alimentaires l'île et sur la situation désastreuse des habitants, qui ne permet pas un retour à l'école : un simple OK et un dos tourné ont été la réponse de leur ministre. Devant tant d'empathie, E. Macron ne devrait pas avoir l'impudence, à l'occasion de ses voeux, de parler de solidarité nationale, mais parions qu'il le fera.
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