Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a fait boire la potion de censure au gouvernement. Évitant une amère potion à des millions de Français. Mais les tractations et maquignonnages auquel il a donné lieu trahissent aussi une grande confusion des genres. Qu’il s’agisse d’allègements de cotisations ou encore de la moindre revalorisation des pensions, les propositions ont fusé dans tous les sens. Au motif qu’elles plomberaient le coût du travail, le patronat sue sang et eau pour une baisse tendancielle des cotisations sociales, jusqu'à leur disparition. Tout le charivari autour du projet gouvernemental brouillait les pistes. Le vrai salaire, au sens de la contrepartie au travail accompli et à la valeur créée, c’est le salaire brut ! Celui qui comprend les cotisations qui assurent le travailleur face à un risque toujours possible de maladie ou de chômage.
Certains sont sensibles à la petite musique d’une diminution de leurs cotisations. À défaut d’être augmentés, ils s'accommoderaient de cette solution d’apparence « technique ». Rappelons-leur deux vérités : la hausse de salaire net n’est jamais garantie, les actionnaires n’étant pas les plus mal servis quand il s’agit d’empocher les marges bénéficiaires induites. Et c’est notre protection sociale qui part ainsi en capilotade. Selon une étude récente, 22% des Américains disent avoir renoncé, dans les douze derniers mois, à des consultations médicales pour raisons financières. En France, ce taux de renoncement pour les mêmes raisons est de 2%. Ce « gouffre » entre les deux pays est le reflet des écarts de niveau de cotisations sociales, ou de ce qui en tient lieu. Comme l’a dit Ambroise Croizat, les cotisations sociales ne font pas oeuvre de charité. Elles constituent une composante à part entière et non négociable du juste salaire et, le moment venu, d’une juste retraite. Les cotisations sociales sont du « salaire différé ». Les « charges », ce sont, entre autres, les dividendes. Basique.
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