Accord de libre-échange
Après la très forte mobilisation du début d’année, force est de constater que la colère des agriculteurs et cultivateurs est toujours bien présente. Ce qui met le feu aux poudres : le Mercosur ! (Marché commun de l'Amérique du Sud, créé en 1991 par l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay et structuré en 1995 en une zone de libre-échange institutionnalisée).
L’imminence de la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, en négociation depuis près de vingt-cinq ans, intervient au pire moment pour le président de la République, déjà sévèrement affaibli par la double défaite de son camp aux élections européennes et aux législatives.
Notre président a affirmé que la France ne signerait pas le traité, position de volte-face pour les libéraux, tous pour pourtant il y a encore quelques années. La volte-face macroniste remonte à 2019. Jusqu’à cette date, la droite ne voyait rien à redire à ce projet dévastateur pour notre agriculture, pour l’environnement et la santé publique, l’emploi et la justice sociale, et qui ne vise qu’à servir les intérêts de quelques grandes firmes.
Il aura fallu la détermination et l’engagement sans faille des élus de gauche pour faire basculer l’opinion. Défenseurs de longue date d’une exception agricole dans les accords commerciaux, les communistes sont convaincus que les biens agricoles ne sont pas des marchandises comme les autres.
Prônant la coopération entre les peuples, le PCF s’oppose viscéralement à la mise en concurrence des travailleurs. C’est en ce sens que les sénateurs communistes du groupe CRCE-K ont obtenu la non-ratification du CETA par le Sénat au mois de mars dernier. Il en est de même pour les motivations qui ont conduit le député PCF André Chassaigne à initier une tribune transpartisane signée par 209 parlementaires de tous bords, refusant la ratification de l’accord avec le Mercosur.
Un problème plus profond
Néanmoins, l’accord commercial avec le Mercosur n’est pas le seul mot d’ordre des agriculteurs en colère. Soyons vigilants face aux tentatives de récupération à l’heure où approchent les élections professionnelles agricoles. La transformation agroécologique de notre agriculture demandera des filets de sécurité publics (prix garantis, régime public d’assurance et de gestion des risques, refus des traités de libre-échange etc.), une formation exigeante et un accompagnement des producteurs. Face aux effets toujours plus spectaculaires du dérèglement climatique et à un contexte géopolitique incertain, il est indispensable de sécuriser les investissements et les revenus des producteurs. Telles seraient les conditions nécessaires pour relocaliser notre agriculture et produire durablement de quoi permettre à chacune et chacun de manger sain et à sa faim.
Convergence !
Les manifestations d’agriculteurs ne se réduisent pas à une cause sectorielle. L’heure est au dialogue entre les exploitants en colère et les autres travailleurs en lutte, eux aussi victimes des ravages quotidiens du capitalisme. Tous sont victimes de la mise en concurrence entre travailleurs, du développement de groupes monopolistes, de l’abandon des pouvoirs publics, de la perte criante de souveraineté alimentaire et industrielle ou encore des privations matérielles, notamment sur la manière de s’alimenter. De nombreuses mobilisations sont d’ores et déjà annoncées dans plusieurs secteurs : fonction publique, retraités, cheminots etc… L’heure est à la convergence pour mettre un coup d’arrêt à la politique de Barnier.
Dès lundi soir des agriculteurs ont bloqué symboliquement le rond-point de l’Europe à Troyes. En effet, les producteurs de betterave (nombreux dans l’Aube) risquent d’être particulièrement touchés par la mise en place de ce traité. CGB, principal producteur de betteraves en France, a annoncé il y quelques jours à la presse que la mise en place du Mercosur représenterait une usine en moins rien que pour l’éthanol.
La principale raison ? Le sucre, puisque le traité prévoit de grosses exonérations pour les droits d’entrée du sucre brésilien ou du Paraguay. Ce traité entraînera une plus grande concurrence entre les agriculteurs sud-américains et les européens !
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