Élections TPE - 19000 salariés concernés dans l’Aube
Par Camille Lainé
Les dernières élections professionnelles pour les salariés des entreprises de moins de 11 salariés (les TPE) se sont déroulées en 2021. Avec 26,31 % des voix, la CGT est la première organisation syndicale dans les Très Petites Entreprises. Le prochain scrutin a lieu du 25 novembre au 9 décembre 2024, à cette occasion La Dépêche de l’Aube a rencontré Sylvie Gateau, secrétaire de l’UD CGT de l’Aube pour échanger autour de ces élections et leurs enjeux.
LDA : La CGT est la première organisation syndicale représentative dans les TPE nationalement, quels sont les objectifs de la CGT dans l’Aube pour ces élections ?
Sylvie Gateau : La CGT est la première organisation syndicale dans l’Aube chez les TPE, l’objectif c’est de le rester. Nous sommes premiers mais avec une courte majorité alors chaque voix compte ! Pour cela, l’objectif c’est d’informer aux élections un maximum : faire en sorte que dans le département on en parle. Le résultat de ces élections compte aussi pour la représentativité, c’est donc évidemment important que la CGT fasse le plus de voix possible, par exemple plus de voix veut dire plus de conseillers prudhommaux CGT donc plus de personnes pour défendre les salariés et plus de jugements en faveur des droits des salariés.
LDA : Beaucoup de salariés des TPE ne savent pas qu’ils peuvent voter, il n’y a parfois aucune représentation syndicale dans leur entreprise et ils peuvent se sentir très isolés, comment la CGT s’adresse à ces salariés-là pour les mobiliser ?
S. Gateau : Nous nous adressons à eux beaucoup par les conseillers du salarié. En effet, dans les TPE il n’y pas de syndicats ni de représentant syndical sauf au bon vouloir du patron, c’est donc peu le cas. Les salariés ne savent pas qu’ils peuvent voter et en plus l’État ne fait rien pour les informer, donc il est essentiel de diffuser l’information par des distributions de tracts bien sûr, mais aussi du bouche à oreille pour que les gens en parlent entre eux. Quand un salarié a un problème avec son patron, il contacte un conseiller du salarié. Il y a une liste officielle de conseillers qui peuvent accompagner les salariés pendant un conseil de discipline, un entretien préalable à licenciement etc… C’est donc aussi beaucoup par eux que circulent les informations.
La CGT mène une grosse campagne au niveau des médias mais aussi sur les réseaux sociaux, nous serons aussi présents sur les marchés, les foires et également sur des événements spécifiques.
Mercredi 30 octobre, l’UD CGT a tenu un stand place Jean Jaurès à Troyes pour informer sur les élections et ses enjeux et informer les salariés des TPE. Mais c’est effectivement souvent compliqué avec ces salariés-là, ce sont beaucoup de salariés du commerce ou des artisans qui sont très peu nombreux dans leur boîte et qui ont un rapport particulier avec le patron, c’est au-delà du hiérarchique, ils se tournent donc peu vers les syndicats.
Notre campagne est essentiellement de proximité, les salariés des TPE, comme les autres, ont des droits il faut donc les informer et leur dire que voter leur permet de renforcer et développer leurs droits.
LDA : Pouvez-vous nous dire combien de salariés sont concernés par ces élections dans notre département et comment se passe la campagne pour la CGT dans l’Aube ?
S. Gateau : Sur les 117 000 salariés de notre département, 19 000 travaillent dans des TPE (essentiellement commerce et tertiaire), presque autant que de fonctionnaires, c’est donc un enjeu énorme. Pendant la campagne les Unions Locales se déploient : Romilly cible les marchés, le syndicat du commerce va voir directement les salariés des TPE, aller directement à leur rencontre c’est le plus efficace.
Pour la Métallurgie, il y a un ciblage des petits garages pour aller informer les salariés. Pour le Textile, c’est aussi de la proximité, il existe des petites boîtes, moins qu’avant mais cela existe encore, les syndiqués vont donc rencontrer les salariés et aller discuter avec eux.
Début novembre l’Union Locale de Troyes va organiser aussi un déploiement en centre-ville, une grosse action pour annoncer les élections. Et là encore bien sur il faut travailler le bouche à oreille, il faut que les syndicats relayent à l’ensemble des syndiqués la mobilisation pour que chacun puisse en parler à ses proches, à des salariés de TPE qu’ils connaissent. Nous en connaissons tous.
LDA : « Salariés des TPE » c’est très large et cela regroupe plein de métiers, comment créer du commun et montrer que l’on peut se rassembler malgré tout ? Quelles sont les revendications communes à l’ensemble des salariés de TPE portées par la CGT ?
S. Gateau : La première ce serait déjà mieux vivre de son travail : l’augmentation des salaires concerne tout le monde. Autre revendication : avoir les mêmes droits que dans une grande entreprise, par exemple un 13e mois de salaire, les congés payés pour enfant malade : c’est très rare en TPE, ou encore le temps de travail, avoir un meilleur équilibre vie professionnelle/vie personnelle ; c’est pour tout le monde, même dans une petite boîte.
On pourrait citer énormément de revendications, mais l’égalité femmes hommes aussi est un enjeu clé ; dans les grandes boîtes il y a des obligations légales plus ou moins respectées ; dans les TPE on en est encore très loin.
Comme il n’y a pas de CSE dans les TPE c’est beaucoup plus compliqué pour ces salariés d’avoir un droit de regard. Alors quand le patron leur dit « en ce moment c’est très dur on ne peut pas augmenter les salaires » ils n’ont pas d’autre choix que de le croire, les patrons n’ont pas de compte à rendre et peuvent faire ce qu’ils veulent. C’est bien pour cela qu’il faut se mobiliser et voter pour changer la donne !
LDA : Pouvez-vous nous donner 3 raisons de voter CGT aux élections TPE ?
S. Gateau : Pour la proximité, la CGT est la seule organisation qui continue à avoir des Unions Locales et des antennes au plus proche du salarié. Notre réactivité est plus grande et nous avons une connaissance du tissu local. Pour l’efficacité : nous sommes présents dans toutes les branches professionnelles, donc pour les négociations d’accord de branches nous sommes partout et sur toutes les professions et tout le territoire. Pour mieux vivre de son travail : nous revendiquons que tous les salaires soient indexés sur l’inflation.
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