Politique nationale
Un État fort, c'est ce que demandent les citoyens : les images du couple royal espagnol conspué par les victimes des inondations montrent bien ce que l'on attend de l'État : des secours mobilisés rapidement et en nombre suffisant pour sauver des vies et assurer la continuité des conditions de vie, maintenir la civilisation.
Un État fort c'est aussi ce que demandent les libéraux, mais pour sauver le capital en cas de catastrophe financière (subprimes en 2008) ou sanitaire (covid en 2020).
Un exemple : Stellantis
En mars 2024, Carlos Tavares, le patron de Stellantis au fabuleux salaire de 100 000€/jour est venu au Sénat parler de la nécessité impérieuse des aides de l'État pour accompagner l'électrique vers le plus grand nombre, y compris les ménages les plus modestes (et le plus nombreux, d'où l'intérêt...). Stellantis a en effet pu vendre 38 000 voitures électriques lors d'une opération qui s'est déroulée du 1er janvier au 15 février 24 grâce à une participation de l'État de 494 millions d'euros (13 000 € x 38 000 voitures) dans le cadre du leasing électrique.
Rappelons aussi que Stellantis est passé de 70 000 salariés à 40 000 en 15 ans et les baisses de vente en Europe et dans le monde vont accélérer le processus de licenciements car il faut bien dégager des dividendes pour les actionnaires, 7,7 milliards € en mai 2024, et comme l'État ne lui demande aucune contrepartie en terme d'emplois en échange de ses aides...
Indemnités chômage vs dividendes
En Italie, on compte, à juste titre, dans les aides de l'État à une entreprise, la part de l'État dans les indemnités de chômage. Comme Stellantis a licencié, de 2021 à 2023, 10 000 salariés, le montant versé par l'État italien a été d'environ 700 M€, auxquels il faut ajouter l'aide de 800 M€ pour inciter à l'achat de véhicules électriques. Même si les ventes de Stellantis sont en baisse, les dividendes en mai 2024, pour l'Italie, étaient encore de 4,7 milliards €. De quoi faire bondir les syndicats, mais pas Meloni qui limite seulement les aides aux voitures produites en Italie, sans autre exigence sur le maintien de l'emploi.
Une logique suicidaire
En France, cet État fort et libéral, au service d'une classe, est d'une incohérence parfaite puisqu'il prétend oeuvrer contre le réchauffement climatique alors qu'il aide sans aucune contrepartie - plus de 200 Mds€ quand même - les entreprises capitalistes à l'origine de ce réchauffement, et refuse de mettre en place une politique d'extension des services publics, seuls garants d'une planète vivable.
La proposition du PCF d'un Fonds européen pour le développement des services publics, financé par la BCE, répond à cette exigence et créerait au minimum 750 000 emplois, pour une part dans la santé et l'enseignement, mais se heurte à la conception libérale de leur marchandisation. Quitte, pour les libéraux, à voir tout disparaître dans les incendies, les inondations ou les épidémies, y compris l'État...
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