Politique nationale
Des députés de la droite dite "républicaine" et d’extrême-droite ont déposé une proposition de loi visant à soi-disant sécuriser les droits des personnes qui se prostituent pour « garantir un exercice plus sûr » ! Quelle honte ! Cela représente un recul terrible en matière de lutte contre la prostitution et pour le respect des femmes.
Cette proposition de loi place la sexualité, les femmes et leur corps dans le domaine du marché. Elle entérine une vision ultralibérale de la sexualité, donnant à l’acte sexuel une valeur transactionnelle pouvant faire l’objet d’un accord contractuel, telle une simple « prestation de service ».
Cette vision ouvre la voie à la normalisation de l’exploitation sexuelle des femmes, et en particulier des plus marginalisées : les femmes précaires, migrantes, issues des minorités, victimes de la traite, sont les cibles principales du système prostitutionnel. Un système patriarcal et violent, fondé sur l’exploitation des vulnérabilités, dont l’unique raison d’être est de répondre à la demande d’achat d’actes sexuels exprimée par des hommes.
Dépénalisation du proxénétisme et réouverture des bordels ?
Les députés de droite et d’extrême-droite souhaitent modifier le code pénal afin de dépénaliser le proxénétisme. D’une part en autorisant la « détention » et la « mise à disposition » de lieux de prostitution (art. 225-10) et d’autre part en ajoutant des conditions supplémentaires de « contrainte » ou « d’avantage anormal » pour pouvoir pénaliser le fait de tirer profit d’un lieu de prostitution (art 225-5).
L’ajout de ces critères correspond exactement aux approches législatives désastreuses en Belgique et en Espagne. Leur seul effet fut de permettre l’essor des méga-bordels de La Jonquera et de proxénètes tels que « Dodo la Saumure », en dissimulant leurs activités d’exploitation derrière des relations commerciales faussement libres, profitant de l’incapacité des autorités à prouver les situations de « contrainte » ou « davantages anormaux ». Tout cela au détriment de milliers de femmes et de filles précaires et étrangères exploitées impunément.
La loi de 2016 en question est une victoire du mouvement féministe, portée par le PCF, la grande majorité des partis de gauche et des syndicats. Ses effets positifs ont été reconnus par la CEDH, le Parlement Européen et la Rapporteuse Spéciale de l’ONU sur les violences contre les femmes. Les associations féministes, de terrain et les survivantes la défendent et demandent plus de moyens et de volonté politique dans son application, pour faciliter l’accès aux parcours de sortie (incluant des titres de séjours pour les victimes étrangères), l’augmentation de l’AFIS, plus de fermeté dans la lutte contre les « clients » et les proxénètes.
Plutôt que d’entendre ces revendications, la droite et l’extrême-droite préfèrent rouvrir les bordels, ramenant la France à l’époque de… l’occupation, juste avant leur abolition par la loi Marthe Richard (1946).
Appauvrir les femmes jusqu’à la prostitution ?
Cette proposition de loi est révélatrice d’un cynisme absolu de la majorité de droite/extrême-droite : c’est la majorité qu’elle représente à l’Assemblée qui soutient depuis des années les politiques de casse sociale accentuant la précarité des femmes et leur vulnérabilité à tous les schémas d’exploitation. Après avoir appauvri les femmes, le bloc libéral ouvre désormais la porte à leur marchandisation.
Face à ce recul inédit, le Parti Communiste Français, qui se bat pour l’abolition de la prostitution, continuera de défendre les droits des femmes et mettra toute ses forces contre ce texte. Il continuera à lutter pour libérer la société du capitalisme et du patriarcat, pour mettre fin aux violences faites aux femmes, et réaliser l’égalité entre femmes et hommes dans toutes les sphères de la société.
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