Industrie
Par Camille Lainé
Les élus du CSE central du groupe Michelin ont déposé un droit d’alerte économique pour les usines les plus menacées à savoir Cholet, Joué les Tours et Vannes. Mais de manière globale la situation du groupe est préoccupante.
Une situation alarmante
Des centaines de postes ont déjà été supprimés et de nouvelles suppressions sont encore à craindre, les salariés des sites menacés vivent dans l’incertitude et enfin les conditions de travail n’ont de cesse de se dégrader : les salariés sont soumis à une pression de plus en plus grande pour maintenir la productivité malgré la baisse de volume.
Mais cette crise ne vient pas de nulle part, ce sont les salariés qui la payent mais ce sont pourtant bien les dirigeants du groupe et leur stratégie qui en sont responsables. En effet, le groupe a privilégié des investissements dans des pays à bas coûts salariaux au détriment des sites historiques en France. Encore une fois, les libéraux économisent pour pouvoir augmenter leurs profits et les salariés se retrouvent sur le carreau.
Dans l’Aube les salariés sont inquiets
Même si le site de La Chapelle-Saint-Luc n’est pas fléché parmi les sites les plus menacés, le contexte est lui aussi inquiétant. La direction du site a annoncé que l’usine serait mise à l’arrêt pendant deux semaines d’ici la fin 2024 et que les salariés (à savoir 693 personnes) seraient placés en chômage partiel pendant cette période.
La déléguée syndicale CGT de l’usine Chapelaine, Sandrine Maillard, s’est dite inquiète puisque la baisse de production serait sensible : 24000 tonnes cette année au lieu de 35000 tonnes habituellement et cette baisse devrait s’accentuer en 2025. Elle a également expliqué qu’il n’était pas exclu que le site de La Chapelle déclenche lui aussi un droit d’alerte l’année prochaine.
Au niveau national, l’intersyndicale a stoppé toute participation à des réunions officielles avec la direction tant que cette dernière n’aura pas fourni de réponses claires et argumentées aux différentes questions soulevées par le droit d’alerte.
Encore une fois, ce sont ceux qui prônent en permanence le « dialogue social » qui ensuite refusent de répondre aux questionnements légitimes des représentants de salariés. Concernant le site de La Chapelle, la position de l’intersyndicale est la même : suspension de la participation aux diverses réunions tant que des éléments clairs ne sont pas apportés.
Un autre modèle est possible
Le cas du groupe Michelin n’est malheureusement pas isolé, pourtant nous ne sommes pas condamnés à subir ces choix libéraux, un autre modèle est possible. Les communistes ont lancé il y a quelques jours une campagne nationale sur les questions d’emploi, d’industrie et de services publics, avec un dossier comme celui-ci on en voit la pertinence ! Nous y proposons par exemple de redonner le pouvoir aux salariés dans l’entreprise, avec évidemment la possibilité de déposer un droit d’alerte pour dénoncer des suppressions d’emploi ou des délocalisations, mais que celui-ci permette leur suspension et ne soit pas juste consultatif !
L’objectif politique de cette campagne n’est pas simplement de s’inscrire sur la défensive face aux attaques conjointes du Gouvernement et du Capital mais bien au contraire de défendre la création de nouveaux services publics et d’une nouvelle politique industrielle. Il n'y a aucune fatalité au déclin industriel ni à celui de nos services publics. Au contraire, industrie et services publics constituent des solutions audacieuses pour faire face aux défis sociaux et environnementaux !
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