Le Doliprane fait consensus chez nos gouvernants en effervescence de solidarité pour sauver un "trésor national" sacrifié par Sanofi pour bichonner un fonds rapace américain. Vent debout, l’Élysée fulmine de bulles : « Nous avons les instruments pour garantir que la France soit protégée », a dit Macron, avant d'affirmer que le paracétamol est, et restera, dans giron de la mère patrie. Cochon qui s'en dédit. Resucée de propos quand Alstom, Alcatel, Arcelor ou Pechiney franchirent le Rubicon pour un avenir meilleur sous les cieux prometteurs d’investisseurs peu enclins à respecter leurs promesses de maintien des sites de production et donc des emplois. Nonobstant, le moment est mal choisi pour notre État, qui s'est lui-même corseté serré dans ses recettes, pour garantir la portée de sa parole. Passée la frénésie du moment, le Doliprane se dissoudra dans les tempêtes de verre d'eau des empoignades budgétaires et de la guerre de mouvements politique déjà dans les agendas.
Personne ne souhaitant réellement endosser la charge de l'ordonnance prescrite d’austérité, chacun joue sa partition, mezza-voce, sous la baguette de leaders torturés par la soif du pouvoir, obnubilés par leur ascension vers le palais élyséen bientôt libéré de son locataire en faillite. Plus l’ambiguïté est profonde, plus intense semble l’excitation et l’évitement des sujets « à risque » pour mettre en exergue le factuel du moment : le Doliprane, la sécurité ou l’immigration. Ce qu'on ne prend pas à bras-le-corps ne cesse pas pour autant d’exister et quand les hommes au pouvoir jouent l'esquive et contournent pour ne pas faire davantage, ils électrisent les colères qu'on croit enfouies dans la patience des peuples. Le concours d’irresponsabilité est déjà bien engagé. Ne voient-ils pas arriver la pandémie d’abstentions à la prochaine élection présidentielle ? Mais, efficace et pas chère, c’est la ouate qu’on préfère pour contenir l'hémorragie de nos intranquillités.
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