RÉSISTANTS DE LA PREMIÈRE HEURE, INTERVIEW DE PIERRE OUZOULIAS
Pierre Ouzoulias lors de son intervention à la conférence du 26 septembre

RÉSISTANTS DE LA PREMIÈRE HEURE, INTERVIEW DE PIERRE OUZOULIAS

3 octobre 2024
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CEMOA - Mémoire

À l'occasion du 80ème anniversaire de la Libération, le CEMOA a rendu hommage aux résistants de la première heure et à rappeler les motivations, les conditions et l'histoire de leurs engagements. Il nous paraît tout aussi indispensable de rappeler le rôle important des femmes dans la Résistance. Un rôle encore trop souvent minoré.

Les figures de Cécile Romagon-Ouzoulias ainsi que des membres de sa famille se sont imposées pour la dernière conférence qui s’est tenue le jeudi 26 septembre à Saint Julien Les villas. Qui mieux que Pierre Ouzoulias, petit fils de Cécile et Albert Ouzoulias et vice-président du Sénat pour en parler ?

La Dépêche de l’Aube s’est entretenue avec lui.

LDA : Vous êtes vice-président du Sénat, mais aussi membre du comité exécutif de l’initiative Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon, leur entrée au panthéon cette année est historique, pouvez-vous revenir sur cet événement ?

C’est le moment historique d’une réconciliation de deux mémoires de la Résistance qui avant étaient séparées : les Gaullistes et les Communistes. Les Gaullistes ont été valorisés et mis en scène très souvent pendant que la mémoire communiste de la Résistance a été trop longtemps mise de côté.

C’est un moment où les deux histoires se retrouvent dans un événement fusionnel dans lequel les Françaises et Français ont reconnu et découvert cette Résistance et la participation des étrangers, et particulièrement des juifs dans la Résistance.

J’ai effectué beaucoup de visites dans les lycées après la panthéonisation et force est de constater que ce moment a beaucoup parlé à la jeunesse. Les jeunes se demandent comment on peut mourir pour la France quand on est étranger. C’est donc une réflexion sur ce qu’est la France : un projet politique avant tout de chose, indépendant de la couleur de peau et des origines. Manouchian a fait le choix de la France et même de mourir pour la France. La commémoration continue puisque de nombreux lycées vont être baptisés Manouchian.

LDA : Pensez vous que le devoir de mémoire est d’autant plus capital face à la montée de l'extrême droite en France ?

« Devoir de mémoire » je n’aime pas l’expression. Selon moi, la meilleure façon d’honorer les résistants c’est de poursuivre leur combat. Ce qui est important c’est que leurs idées continuent à vivre dans nos combats à nous. Ce n’est pas figé, ils continuent à vivre parce que leurs idées nous animent toujours. Il y a donc une relation entre eux et nous par l’intermédiaire de nos combats. Évidemment les périodes où nous militons sont différentes, nous ne risquons pas nos peaux en militant.

C’est un travail d’historien très important et très attaché à l’histoire, à l’identité de notre parti : une histoire longue et riche, pour les jeunes militants c’est important de s’en imprégner. Elle est noble et explique ce que nous sommes.

LDA : La transmission de la mémoire vers la jeune génération est indispensable, quelles sont selon vous les actions à mettre en oeuvre en ce sens ?

C’est à mon avis le plus difficile à faire parce que ma génération a vécu dans la perpétuation de ce souvenir par ceux qui ont vécu les événements. Mes grands-parents recevaient d’anciens résistants et j’étais baigné là-dedans. Aujourd’hui les survivants ont disparu, ce n'est plus de la mémoire personnelle mais de la construction historique. C’est plus difficile, il faut continuer à faire vivre cela par des conférences, des rappels, des commémorations, nous avons besoin de rites et de cérémonies où nous évoquons des camarades disparus.

Il est nécessaire d’avoir la lecture de tout ce qui a été leurs combats : il est essentiel de comprendre que patriotisme et internationalisme vont de pair. Manouchian et ses camarades étaient des patriotes absolus; ils sont morts pour la France mais étaient aussi internationalistes, ils n’imaginaient pas leur combat autrement que planétaire. Aujourd’hui on oppose les deux, c’est une erreur.

 

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