Fabien Roussel a tweeté ceci à propos de la mort atroce de Philippine : « Philippine n’aurait jamais dû mourir. La loi existe et n’est pas appliquée. Un violeur est un criminel. Il aurait dû être surveillé. Ça n’a pas été fait. Il aurait dû être expulsé. Ça n’a pas été fait. L’État est défaillant. Plus on le prive de ses moyens, plus il recule ».
Réaction immédiate des Antifas de Lyon et d'une conseillère communiste lyonnaise : ce tweet est d'extrême droite. Ce qui les a fait réagir est le « il aurait dû être expulsé ». Les Antifas arguant du fait qu'exécuter une OQTF est un acte d'extrême droite, la conseillère que c'était envoyer un violeur violer des Marocaines. Aucun d'entre eux ne s'intéresse donc au corps supplicié de Philippine - c'est fait, elle est morte, c'est le problème du patriarcat, pas celui d'un homme... - mais tous pensent à l'avenir du corps vivant du violeur- meurtrier.
Surprenant de la part d'une féministe, surtout qu'un récent jugement au Maroc pour viol a eu un effet retentissant : le violeur d'une petite fille de 11 ans n'avait eu que 2 ans de prison, ce qui avait suscité une énorme indignation dans le pays et, en appel, il s'est vu infliger 20 ans. Donc laisser penser que le Maroc serait un pays permissif à l'égard d'un violeur, qui plus est, meurtrier, est une vision méprisante, voire colonialiste. Ensuite, comme le rappelle le PCF, une OQTF est délivrée automatiquement quand la personne est sans titre légal sur le territoire ET a été condamnée à 5 ans au moins de prison. Le violeur en question avait été condamné à 7 ans de prison ; il ne s'agit donc pas d'un réfugié politique mais bien d'un criminel libéré sans suivi.
Et puis, comme le dit une tribune sur les viols du procès Pélicot, signée par 200 personnalités masculines : « arrêtons de penser qu’il existe une nature masculine qui justifierait nos comportements. Il n’y a pas de nature dominante mais bien une volonté de dominer ». Il est donc vraiment paradoxal de voir une communiste et des Antifas « oublier » chez un violeur cette volonté de domination et cette recherche de toute-puissance sur les femmes, qui mène toujours à la violence et trop souvent au féminicide. Aucun d'entre eux, par ailleurs, n'a commenté la fin du tweet de Fabien : ce viol et ce meurtre sont consécutifs à la défaillance de l'État, consécutive elle-même à la diminution constante de ses moyens, voulue par les politiques libérales successives. Un violeur peut être traité, mais c'est long et cela demande des moyens, actuellement insuffisants. D'où les fréquentes récidives.
Plutôt que de sauter sur l'occasion d'attaquer Fabien Roussel, ils auraient pu et dû dire que le libéralisme à la solde du capital n'a que faire de l'existence des femmes - pas plus que de celle des hommes - en dehors de leur exploitation, et que Philippine est morte sous les coups d'un meurtrier laissé libre d'agir grâce à l'impuissance voulue et organisée d'un système politique.
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