Les dates du 22 et du 25 août 1944 resteront marquées au fer rouge dans le martyrologue aubois à cause des agissements nazis à Creney et à Buchères.
L’armée d’Hitler et de Himmler s’est comportée de façon effroyablement inédite ; conséquence d’une conception du monde épouvantable et qui n’eut jamais d’équivalent, globalement dans l’histoire.
Personne jusqu’ici ne s’était conduit dans le déni le plus total des lois de la guerre, massacre, dès 1940, des prisonniers de guerre anglais, russes ou africains, des civils pris comme otages, extermination des opposants politiques, villages entiers détruits et cette folie de croire que l’anéantissement de peuples considérés comme races inférieures, devait être entrepris pour en régénérer une autre.
Sachant que cela a été pensé et en partie réalisé dans l’histoire de notre humanité, on ne peut donc plus se cacher derrière certains raccourcis, comme on le fit après la guerre « Hitler est un fou ! »
Le régime construit par les nazis a réussi à subjuguer une nation réputée pour l’humanisme de ses artistes et ses penseurs. Il porte donc en lui des idées qui représentent un danger permanent.
Le devoir de mémoire est un terme souvent employé dans les discours commémoratifs. Sans le rappel des idées évoquées plus haut, il risque d’être source de confusion, de rester une expression vide de sens, un raccourci dangereux. Certains politiques tel Giscard d’Estaing ont d’ailleurs tenté de regrouper toutes les fêtes patriotiques, une manière subtile de masquer la permanence des idées nauséabondes que Brecht exprimait dans sa formule si pertinente : « Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde. »
Ainsi, les massacrés de Buchères, les assassinés de Creney, ne sont pas morts « victimes de la Seconde guerre mondiale », ils sont morts victimes d’un système de répression dont nous pouvons craindre la résurgence.
Info : Les familles des fusillés continuent d’honorer les héros massacrés à Creney.
Chaque année, fin août, une cérémonie a lieu à Baudement pour Hubert Jeanson.
La famille de Jean Miet honore sa tombe au cimetière de Troyes.
La ville de Romilly organise une manifestation chaque 22 août pour les 15 martyrs de cette ville.
La commune de Creney, depuis 1945, honore les 53 fusillés fin août.
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