Quand Chimène dit à Rodrigue « Va, je ne te hais point ! » il est facile de comprendre qu'elle ne pouvait pas dire « je t'aime » à l'assassin de son père, c'eût été inconvenant. Quand Michel Barnier dit sur TF1 « je ne m'interdis pas une plus grande justice fiscale » qu'est-ce qui est sous-entendu ? Que la justice fiscale est interdite dans sa doctrine libérale. Au passage, envisager une « plus grande » justice fiscale n'a pas de sens car la justice est ou n'est pas. Il ne s'agit donc pas pour lui de taxer davantage les riches et les revenus du capital - horreur ! - mais de « mieux maîtriser l'argent public », en rendant les services publics « plus efficaces », autrement dit, puisqu’il ne veut pas creuser encore « le déficit » par de nouvelles dépenses, il s’agira sans doute de supprimer des postes pour réorganisation des services ; M. Barnier n'est pas un choix par défaut d'E. Macron.
Et - comme ça tombe bien ! - l’ancien gouverneur de la BCE, Mario Draghi, vient de livrer un rapport très inquiet pour le futur de la compétitivité européenne ; selon lui le chômage a diminué régulièrement en UE depuis 2012, « contribuant à réduire les inégalités sociales et à maintenir le niveau de protection sociale ». Donc nul besoin de se préoccuper du social, les efforts des états de l’UE devront porter sur les entreprises et sur leur compétitivité. À cet égard, le Medef s’est dit « rassuré » par la nomination de M. Barnier et compte sur lui pour prolonger la politique pro-entreprise - à savoir les aides colossales sans contrepartie de l’État aux entreprises et en particulier à celles du CAC40 -. M. Barnier, qui s’est engagé à réduire la dette mais pas la crise sociale, n’est décidément pas un choix par défaut des serviteurs du capitalisme.
© 2024 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY