Partout en France, on commémore le 80e anniversaire de la Libération. Dans l’Aube, le mois d’août fut surtout teinté de sang. L’horreur du massacre de Buchères (67 civils assassinés le 24 août) et de Creney (49 résistants massacrés le 22 août) était dans toutes les mémoires quand les chars de Patton, déboulant de Montgueux, chassèrent les derniers Allemands avec l’aide de la Résistance. Les SS en fuite exécutèrent nombre d’innocents entre Troyes et Mussy, fusillant entre autres, huit otages à la Rivière de Corps et le jeune Daniel Ormancey à Sainte-Savine. On a dénombré en tout 300 victimes civiles de cette bestialité nazie.
Par sa présence, le maire d’Oradour avait tenu à honorer les 67 victimes de Buchères ainsi que les 4 rescapées blessées de cette ville martyre.
Tant à Creney qu’à Buchères, les maires avaient mis tout en oeuvre pour rendre les cérémonies dignes de ces événements : la stèle dévoilée à Buchères sur le bord de la route, face à la lanterne des morts ; les enfants des écoles invités à lire les noms des fusillés devant chaque arbre qui leur est dédié dans la clairière des Gambes à Creney. À noter aussi que les enseignants de ces 2 communes avaient invité les enfants à réaliser un travail de mémoire, travaux qui furent affichés aux yeux du public.
Plus discutable pour une bonne partie des participants, l’invitation faite par les autorités républicaines à assister aux cérémonies religieuses.
La cérémonie de Baudement pour Hubert Jeanson (fusillé de Creney) et Jacques Parent (déporté à Buchenwald) fut, elle, totalement laïque et donc respectueuse des croyances de chacun. Elle fut suivie d’une cérémonie à Saint-Just-Sauvage en l’honneur de Fernand Amour, tué au combat.
À Romilly, même ferveur le 22 août qui commémore chaque année la fusillade de Creney où 15 Romillons furent assassinés. C’est Claude Macé qui prononça le discours, comme il le fit à Creney pour l’ANACR. (1)
Les commémorations de la Libération de Paris montrent qu’on peut aujourd’hui mettre de la musique populaire au milieu des discours officiels de bonne tenue historique. Il n’empêche qu’à l’époque, beaucoup de familles ne purent pas fêter joyeusement la victoire, d’autant que nombre de prisonniers et de déportés dont on était sans nouvelles, n’étaient pas rentrés.
En août 1944, la presse collabo cessa de paraître en attendant son jugement qui ne fut pas à la hauteur des attentes de ceux qui avaient souffert. Des journaux clandestins avaient circulé, tout particulièrement La Dépêche de l’Aube, (2) La presse libre put enfin paraître avec des moyens modestes, L’Aube Libre, organe du Comité de libération, le 5 septembre et La Dépêche de l’Aube, le 9 septembre, encore qu’on lui ait contesté la place qu’elle méritait d’avoir été la seule presse qui n’ait pas trahi.
(1) Claude Macé et Daniel Jourdain organisent avec le Collectif 39-45 des expositions qui mettent en valeur le travail de ce Collectif. Ils sont cette semaine à Villenauxe.
(2) Le journal local cite celle du 1er août 1944. On peut consulter la Dépêche de l’Aube numérisée sur Gallica.
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