Les intellectuels de nos jours ne sont plus ce qu'ils étaient : Trump et Musk, intellectuels new age, ont vu dans le banquet des dieux de la cérémonie olympique une parodie de la Cène, pensant certainement que Dionysos devait être un apôtre ; Finkelkraut, intellectuel estampillé, a pensé que la pluie durant la cérémonie était une punition divine, et Mélenchon, intellectuel autoproclamé, a vu dans cette cérémonie une offense aux croyants, même si les adeptes du polythéisme gréco-romain ne sont plus très nombreux de nos jours...
Ces messieurs auraient été bien inspirés de se renseigner sur l'origine de cette mise en scène : un tableau, peint en 1635 par un Néerlandais, Jan van Biljert, intitulé Le Festin des dieux et exposé au musée Magnin de Dijon, qui depuis ne désemplit pas. On y voit un personnage d’allure christique, auréolé, présider le banquet des dieux. Mais si l’on regarde bien, on s’aperçoit que le personnage auréolé tient une lyre ; il s’agit donc d’Apollon-Phoebus, Apollon « le brillant », dieu du soleil. Personne, au XVIIe n’a bondi devant ce tableau en criant au blasphème. C'est en 2024 que se produisent les bonds et les cris d'orfraies, relayés complaisamment par tout ce qu'il y a d'extrême droite et de réactionnaire... Pourtant, choisir pour la cérémonie d’ouverture un tableau représentant Apollon en l'honneur duquel avaient lieu les Jeux Olympiques dans l’Antiquité, ne paraît ni aberrant ni outrageant.
Alors serait-ce la représentation des dieux par des acteurs non genrés qui serait insupportable à nos intellectuels ? Apollon et Dionysos, comme la grande majorité des dieux, avaient des amants et des amantes, se travestissaient comme Zeus et comme tant d'autres, sans que cela soit mal vu de leurs contemporains. Il est vrai que les religions monothéistes qui leur ont succédé ont beaucoup moins d'imagination et de tolérance sur le sujet, que les capitalistes n'ont pas de temps à perdre avec les « humanités » grecques ou latines et que nos susdits intellectuels ont des clients ou des électeurs à satisfaire.
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