Une récente commission d'enquête sénatoriale préconise un renforcement du contrôle de l'État sur TotalEnergies. Si les sénateurs admettent des efforts de Total dans les investissements en énergies renouvelables, ils estiment nécessaire que l'État devienne actionnaire de l'entreprise pour accélérer sa transition énergétique.
Contrairement à une idée reçue, TotalEnergies est une entreprise entièrement privée, dont la majorité des actions est détenue par des investisseurs étrangers, principalement américains. Plutôt que de racheter des actions sur le marché, opération jugée « trop coûteuse », les parcimonieux sénateurs suggèrent d'introduire une « action spécifique » ou « golden share » détenue par l'État. Cette action conférerait à l'État des pouvoirs exceptionnels, permettant notamment de s'opposer à la vente de certaines filiales ou à l'achat d'entreprises non alignées avec une stratégie bas-carbone. Un administrateur représentant l'État, sans droit de vote, pourrait ainsi influencer ces décisions. Sans droit de vote, on voit mal comment ! La méthode n'est pas inédite et plutôt inquiétante car c'est celle de Margaret Thatcher qui avait instauré des « golden shares » lors des privatisations des services publics britanniques.
Pratique de contournement calamiteuse à tel point, pour le ferroviaire, qu'il a fallu, en plusieurs charrettes, renationaliser un service public jugé auparavant comme l'un des plus sûrs d'Europe avant qu'il ne devînt l'un des plus « dysfonctionnels » et des plus « coûteux pour la collectivité et pour les passagers »*. Pourtant l'idée même de la « golden share » fait dresser tout debout les cheveux les investisseurs pour qui les décisions de l'entreprise seront dictées par des objectifs politiques plutôt que par des impératifs de rentabilité. Message reçu clair et fort. C'est pourquoi, au lieu des golden machins, il faut renationaliser. Et pas à un train de sénateur.
* Rapport Williams-Shapp / Rail Technology Magazine – 21/05/2021.
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