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La candidate de gauche Claudia Scheinbaum s’est imposée le 2 juin avec près de 60% des voix. D’immenses défis l’attendent : pauvreté, violence du narcotrafic et machisme, qui tue 10 femmes par jour au Mexique.
Il est des scrutins où les victoires sont plus que des victoires. Où la force du symbole terrasse toutes les arithmétiques. Pour la première fois, en deux cents ans d’histoire républicaine, le peuple mexicain vient de porter à sa tête une femme, Claudia Sheinbaum, féministe, de gauche, scientifique résolument engagée dans la lutte climatique.
Une défaite sans appel, infligée par près de 60 % des suffrages à une large coalition de droite et d’extrême droite emmenée par Xóchitl Gálvez. Là est, d’ailleurs, le premier des symboles. Dans un pays, deuxième économie d’Amérique latine, gangrené par la violence du narcotrafic et meurtri quotidiennement, selon l’ONU, par une dizaine de féminicides, deux femmes se sont disputé la fonction suprême, dans la dernière ligne droite d’une des campagnes les plus violentes de l’histoire du Mexique.
Héritière et garante de la ligne politique de son prédécesseur, Claudia Sheinbaum a mis ses pas dans ceux d’Andrés Manuel López Obrador dont l’élection, en 2018, avait déjà marqué un virage historique. Développement des infrastructures publiques, lutte contre la grande pauvreté, revalorisation des pensions de retraite, augmentation du salaire minimum, nationalisation des grands énergéticiens… le mandat de Amlo a conféré à son parti, Morena, une popularité ancrée, singulièrement auprès des classes populaires.
La gauche mexicaine vient d’offrir aux progressistes du monde entier une leçon exemplaire.
Claudia Sheinbaum a capitalisé sur ce bilan. Et plus encore. En dépassant les espérances en nombre de voix, en renforçant, partout, les positions de son parti, en offrant à sa formation politique et à ses alliés la majorité parlementaire et la victoire dans une vingtaine des 32 États, la gauche mexicaine vient d’offrir aux progressistes du monde entier une leçon exemplaire.
En Amérique latine comme ailleurs, c’est lorsqu’elle demeure fidèle à ses valeurs et intransigeante sur l’application de son programme que la gauche se renforce dans les urnes. Les compromissions, la tentation du centre et les petits arrangements libéraux, non seulement détruisent la confiance populaire mais précipitent, trop souvent, une alternance mortifère, en faisant triompher, in fine, la droite et son extrême.
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