La France s'est vu infliger la première dégradation depuis 2013 de sa note souveraine par l’agence Standard & Poor’s. Celui qui occupe la fonction de ministre de l’Économie et des Finances depuis sept ans fait-il profil bas, se sent-il responsable, déshonoré, piteux ? Que nenni ! Il soutient au contraire avoir « sauvé l'économie française » : « Si, aujourd’hui, nous avons un niveau de dette élevé, c’est pourquoi ? C’est parce que j’ai sauvé l’économie française », a-t-il assené sur BFM. Avec ses petits bras et surtout un gros chéquier qui ne lui appartient pas puisqu'il s'agit de l’argent des Français. On notera l’usage égotique de la première personne du singulier. Pas de nous collectif, mais « je ». Décliné en anaphore : « J’ai sauvé les usines, j’ai sauvé les restaurateurs, j’ai sauvé les hôteliers, j’ai sauvé le monde et l’événementiel, j’ai sauvé des emplois, des compétences, la filière aéronautique ». Super-Bruno. C’est tout le problème d’avoir un ministre des Finances « écrivain » qui tartine à l'envi apologies et panégyriques cousus de fil blanc. Macron a été [dis]qualifié de Mozart de la finance, Le Maire est le Musso de l’économie : un stakhanoviste de l’écriture, un graphomane - six livres en sept ans ! -, le succès de librairie en moins.
Les Échos, eux, tel Roland à Roncevaux, ont assuré l'arrière-garde et sonné du cor et à cri. Les coupables, ce sont, « ces millions de Français pétris d’égoïsme et de conservatisme qui défendent chacun leurs avantages [...] en réclamant la gratuité de la santé, de l’éducation et des services publics ». Mais stop la gabegie ! Les coupables, les égoïstes dispendieux, vont passer à la caisse « avec des réformes de structure, des économies sur les dépenses ». Bruno Le Maire a soutenu l’économie française comme la corde soutient le pendu, en donnant chichement de la main droite ce que la main gauche prenait et va prendre à foison dans les poches. « Je » demain, jeux de vilain.
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