Présentation du Plan Climat du PCF
Jeudi 23 mai, au Petit Louvre, regards croisés sur « Que faire face au réchauffement climatique » avec Amar Bellal, professeur en génie civil, qui présentait le plan Climat du PCF, et Pascal Houplon, président de l'association Aube durable.
Amar Bellal fait d'abord un état des lieux alarmant : en France, le réchauffement climatique est déjà à +1,7° : au-delà de +2° tout bascule : l'Amazonie peut devenir une savane, les glaces fondront en grande partie provoquant une hausse considérable du niveau de la mer, et des zones entières seront inhabitables. Nous émettons actuellement en France 420Mt de CO2/an, en 2050 il faudra n'en émettre que 56Mt pour garder une Terre habitable. Comment faire alors pour concilier cet impératif avec une qualité de vie pour tous ? C'est tout l'objet du Plan Climat, élaboré par des scientifiques du PCF.
Un choix politique, économique et technologique.
Le plan met en évidence l'impératif d'une planification écologique qui tienne compte de l'urgence climatique tout en intégrant des solutions efficaces et concrètes car il doit répondre aux besoins fondamentaux (logement, services publics, transport, alimentation).
Ainsi il propose des solutions multisectorielles : une société moins consommatrice de biens importés mais plus émancipée par les services publics de l'éducation et de la culture et, bien sûr, réindustrialisation choisie; moins de trafic aérien et de surtourisme, mais plus d'accès au transport pour tous, surtout par le rail ; zéro artificialisation des sols mais construction de logements sur des zones déjà bétonnées, type friche industrielle; diminuer le nombre de bovins, mais manger mieux et en circuit court le plus possible. En 2050 les ¾ de l'énergie devront être électriques, il faut donc développer dès à présent le nucléaire et le renouvelable pour arriver à 50/50, tout en augmentant les puits de carbone. Et tout cela peut et doit être financé *.
Le nucléaire en débat.
Le président d'Aube durable, Pascal Houplon, précise d'entrée que son association observe une neutralité politique « pragmatique » et salue le travail de ce plan.
Le constat qu'il fait pour l'Aube est aussi alarmant : + 3° en 2050 et diminution drastique de la ressource en eau (-50%). Le désaccord porte donc principalement sur le nucléaire : comment refroidir les réacteurs si l'eau manque ? Aube durable privilégie donc la sobriété et la décroissance, et fait de l'implantation d'un site nucléaire une question démocratique : il faut l'accord des citoyens.
Amar Bellal lui répond qu'en 2050 il y aura 9,5 Mds d'habitants ; penser décroissance pour l'énergie qui sera alors nécessaire n'est pas réaliste car il faut une énergie pilotable pour assurer la continuité des services publics, ce que ne sont ni l'éolien ni le solaire. Le parc nucléaire français, à ce titre, participe aussi à la stabilité de la production électrique de l'UE. La décroissance, oui, mais pour le nucléaire militaire, les importations et les camions !
* Voir notre article « Et comment vous financez tout ça?! », ci dessous.
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