Mesdames et messieurs les député.e.s, si vous voulez faire du bruit, faites-le en silence ! Tel est le message adressé aux élu.e.s, informés récemment que des capteurs de décibels ont été installés dans l’hémicycle « à titre expérimental ». L’idée est d'un élu Renaissance, président du Conseil national du bruit, qui a souhaité agir « pour la santé auditive des parlementaires et des agents ». Lors des débats houleux sur la réforme des retraites, des pics à 90 décibels ont été enregistrés avec une montre connectée ! Diable ! Mesurer ce tintouin viserait à « faire prendre conscience aux députés que leur comportement a un impact sur le bien-être au travail. […] En cas de dépassements récurrents et prolongés des niveaux "corrects", la présidente pourra par exemple appeler au calme ». Et sanctionner ? Verra-t-on un huissier coiffé d’un casque antibruit slalomer dans les travées et intimer de la mettre en veilleuse ?
L’enfer est, dit-on, pavé de bonnes intentions. Dénoncer les nuisances sonores au travail est une noble cause. On dit aussi que le diable se cache dans les détails. Lorsque cela revient à clouer le bec de ceux qui s’indignent à pleine voix, légitimés par le suffrage universel, cela ne prête pas à rire, mais à frémir. Jusqu’où ira-t-on ? Chers élus, évitez aussi de penser trop fort. Tempérez vos positions en même temps que vos interventions. Couchez plutôt vos doléances sur des post-it, que la présidente de l’Assemblée collera au-dessus du perchoir et dont personne ne tiendra compte, comme cela se pratique déjà dans nombre d’entreprises. Noble et salutaire intention à l'égard aussi d'un Président et de ses ministres - on comprend désormais pourquoi - rendus « durs de la feuille » par le raffut revendicatif de la rue. Et moi, gros bêta, qui pensait que c'était un problème politique ! Ainsi adviendront les temps où la démocratie, enfin apaisée, ne fera plus de vagues et s’éteindra à bas bruit.
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