Il existe une sorte de musée Lacoste avenue A. France à Troyes, chargé de conserver la mémoire de la célèbre marque. IL n’est pas tout à fait public, mais peut recevoir des délégations triées sur le volet. Lacoste, marque prestigieuse, fut créée en 1933 par René Lacoste, tennisman prestigieux et André Gillier, patron d’industrie à Troyes depuis 1908. Tout le monde connaît leur logo, le crocodile vert. Après de nombreuses passations de pouvoir, l’entreprise appartient maintenant aux Suisses Maus frères ; après avoir connu Devanlay-Recoing, Pierre Lévy ou Léon Cligman.
La visite du lieu est faite par un garçon très attaché à la marque, vantant le maître du tennis Lacoste, le crocodile vert et à ses variations dans le temps et dans l’espace et la mode du prêt-à-porter répandue dans le monde entier. Le guide présente les partenaires de la marque, des artistes ou sportifs qui la portent et la promeuvent.
Il évoque très brièvement la dispersion mondiale des ateliers, préférant insister sur ce qu’il reste d’activité à Troyes dont une plate-forme logistique à Buchères propre à. stocker et à distribuer mais pas à produire La visite prend fin avec le fond Lacoste, soit 46 000 vêtements pendus sous plastique, créations successives de la marque. C’est assez saisissant de couleurs, formes, ou tissus, tous n’étant pas en petit piqué, tissu fétiche de la marque.
Que manque-t-il à cette impressionnante visite ?
Les bonnetières ! Pas de remmailleuses, pas de formeuses, pas de raccoutreuses, pas de syndicalistes non plus dans la galerie de portraits à l’entrée. On se souvient pourtant des luttes mémorables menées dans toutes les usines du groupe. La légende patronale dit que les 46000 créations sont tombées du ciel, ont été multipliés par les seuls métiers, vendus par des boutiques, sources de bonne santé du commerce. Mais ces fortunes considérables tombées dans les poches de ces « génies » de l’industrie sont bien nées de ces millions de petites mains qui laissèrent, malgré elles, à leurs patrons ; une plus-value d’autant plus petite que leurs luttes étaient grandes et victorieuses. Maus frères ont une fortune de 3,5 milliards d’euros ? Retraitées, nos bonnetières vivent actuellement avec une pension de 1000 €.
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