Le 8 mai, il y a ceux qui sont partis en week-end prolongé. Et ceux qui ont entretenu notre mémoire collective, notamment en fleurissant les monuments aux morts de nos villes et nos villages. Sur les réseaux sociaux, on a vu des députés, des maires, des conseillers régionaux - par charité, je ne vais pas citer de noms - poster des photos très solennelles : écharpes tricolores et gerbes de fleurs… en expliquant que l’on commémorait « l’armistice » de 1945. Des journaux ont écrit la même imbécillité. Non, non et non ! Un armistice, c’est des belligérants qui se mettent d’accord pour arrêter les combats. Mais il y a bien eu un armistice pendant la Deuxième guerre mondiale, pas du genre que l’on ose fêter (quoi que, pour certains...). C’était le 22 juin 1940, entre Hitler et Pétain. Le 8 mai, on fête la victoire sur les nazis, on commémore la capitulation de l’Allemagne sans condition. Aujourd’hui, il reste une poignée de vétérans, quelques témoins qui peuvent encore nous raconter, nous transmettre. Dans quelques années, il n’y en aura plus.
On va dans moins d’un mois commémorer le 80ème anniversaire du Débarquement. Un parc d’attractions « Hommage aux héros » doit, à l'occasion, être inauguré. Initié par Hervé Morin, le président de la Région Normandie, il devrait permettre de retenir « un ou deux jours de plus » les touristes. L'installation soulève en plus des problèmes environnementaux et écologiques car située au coeur d'un parc naturel régional. Financée par 100 millions d'euros de fonds privés, elle ambitionne plus de 600 000 « spectateurs » par an. Les vétérans tonnent et canonnent contre ce projet qui « serait le signe que la valeur et la douleur des sacrifices auront été oubliées, que nos morts, réduits au rôle de figurants d’un spectacle, ne valent pas plus qu’un ticket d’entrée dans un parc à sensations ». Quatre-vingt ans après, la marchandisation de la Mémoire débarque.
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