Des questions partout. Et des polémiques. Jeunes, moins jeunes et tous les autres s’y usent les yeux, les doigts, les neurones et s'y lavent le cerveau en entier. Des experts ont évalué « le bon usage des écrans pour nos enfants » à l’école et dans les familles. Les conclusions, sans être des surprises, ni comminatoires, enfoncent des portes ouvertes : interdiction des écrans avant 3 ans, utilisation d’un téléphone simple à partir de 11 ans, etc. Pour la ministre de l’Éducation nationale, « les portables [doivent pouvoir] être déposés à l’entrée » des collèges et n'y pas circuler. L’État s’occupe de tout, nous voilà rassurés. Médiamétrie vient aussi de publier les chiffres de janvier 2024 sur les pratiques des médias des 8 millions de 15-24 ans. Les jeunes sont technophiles, hyper-connectés, individuels et nomades.
55,9% se rendent tous les jours sur des sites et applications de vidéo et cinéma. 54% ont un contact quotidien avec la TV. Quant à la lecture en ligne, 20,2% des 15-24 ont consulté des sites dédiés.
La lecture ? Les jeunes lisent donc ? Ces chiffres sont à mettre en regard avec une récente étude du CREDOC* : « le numérique ne détourne pas les jeunes de l’écriture ». Ne soyons pas benêts ! Tous ne lisent pas Martin Eden de Jack London sur leur écran, ni ne regardent les films de Renoir... Qu’il faille réguler, conditionner ou limiter la pratique des écrans à la jeunesse, oui-da. Mais il n’est jamais question de ce que l'on met dans les tuyaux digitaux. Les professionnels savent pertinemment que leur (futur) public/client scrute ces écrans et qu’il faut que leurs offres soient ciblées pour des frappes chirurgicales aux fins de gras retours sur investissement. Les pouvoirs publics ne mettent jamais cette question sur le tapis.
La France qui se veut championne de l’exception culturelle, ne devrait-elle pas aider à produire des contenus de qualité ? Ce serait très « smart » de sa part de dissiper les écrans de fumée.
* Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie.
© 2024 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY