Certains croient remarquer des tempes un peu plus grises qu’avant. Les soucieux le disent fatigué. Les mauvaises langues le trouvent empâté. Gabriel Attal, lui, se gausse des commentaires. Il fonce à un rythme effréné pour prouver qu’à 35 ans pile-poil, il n’est pas là par hasard. N’allez surtout pas lui demander, alors qu’il a franchi le 18 avril le cap symbolique des cent jours, si Matignon est devenu un enfer. Il balaie. Haut les coeurs ! Agir, foncer bille en tête : mouvement perpétuel compulsif. Chaque minute, chaque seconde compte. Le temps, c'est de l'argent. En fait-il trop ? Si les Français le trouvent dynamique et sympathique, 69% d’entre eux considèrent comme mauvais le bilan concret de son action ; sur le pouvoir d’achat (78%) et les comptes publics (73%), notamment. Un avertissement sans frais pour le jeune et hyperactif Premier ministre.
Depuis qu'il a éclos du cocon du PS, il a suivi, dit-il, son « flair » quitte à faire aujourd'hui respirer à la France des fumigations « réac ». Penchant décomplexé pour l’autorité sur les jeunes : « Tu casses, tu répares ! Tu salis, tu nettoies ! Tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter ! », s’est-il exclamé à l’Assemblée nationale. Le ton populiste ne fait plus dans la dentelle. De même lorsqu’il entend « réformer » l’assurance-chômage et le statut des fonctionnaires, ou prétend défendre la classe moyenne « qui travaille et a le sentiment qu’elle a tous les devoirs quand d’autres ont parfois tous les droits ». G. Attal n’a plus peur d’utiliser crûment les mots de la droite ultra et ses idées, comme on le ferait d’une bouée de sauvetage pour surnager dans une motion de censure à l’Assemblée et pour sauver le camp d'un président bien mal en point à l’approche des élections européennes. Sera-ce suffisant ? Le Premier ministre dit vouloir écouter les Français. Reste à savoir si, les cent jours passés, les Français l’écouteront.
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