Le Pen est intervenue en visio dans une réunion de La Lega, sommant Meloni qui n'appartient pas à ce parti, d'avouer qu'elle votera pour le renouvellement de l'actuelle présidente de la Commission UE : « Vous devez dire aux Italiens la vérité, dire ce que vous ferez après le vote. Je suis convaincue qu’il n’y a en Italie qu’un seul candidat à droite qui s’opposera de toutes ses forces à von der Leyen: c’est Matteo Salvini. »
De quoi je me mêle ? peut-on penser... Salvini et Meloni sont d'accord avec Le Pen sur la priorité absolue donnée au désendettement, et Meloni est même allée plus loin, elle a commencé à « épargner pour la dette » au prix d'une austérité terrible qui se vérifie d'abord par une coupe dans le budget de la Santé ; et c'est efficace de ce point de vue : selon l'ISTAT, la part des Italiens qui déclarent avoir payé intégralement des visites de spécialistes est passée de 37% à 41,8% en trois ans. En Italie, 6 millions de travailleurs gagnent moins de 10 000€/ an et, bien sûr, ils sont les premiers à avoir renoncé aux soins. La France est sur le même chemin, par choix politique : augmentation du reste à charge sur les médicaments, hôpitaux en déshérence, abandon du secteur 1 par de nombreux médecins.
Opposer artificiellement les deux partis d'extrême droite qui sont au pouvoir en Italie, c'est simplement ratisser large pour les élections européennes ; Le Pen et Zemmour font de même en France. C'est aussi asseoir l'idée qu'une seule politique est possible, celle de l'austérité - au service du capital, car, en Italie comme en France, l'évasion fiscale est prospère -. C'est asseoir l'idée, en Italie comme en France, que les services publics universels, qui découlaient de la Constitution d'après-guerre, c'est fini, et qu'il n'y faut plus compter. C'est annoncer ce qui attend les Français si ces partis, qui sauront s'allier et qui sont les alliés du capital, accèdent au pouvoir en 2027.
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