Bela Bartok, Enescu, Milovic, nous embarquent aux Balkans.
Un concert un peu disparate mais totalement balkanique. Bela Bartok, tonitruant et colérique, compose son concerto pour orchestre en arrivant aux Etats-Unis. Il fuit le nazisme (et non Staline comme j’ai cru comprendre dans les commentaires). C’est en effet Horthy, allié d’Hitler, qui gouverne la Hongrie en 1940. Bela Bartok a même reçu un prix d’honneur du mouvement de la paix pas vraiment de droite. Quant à sa musique, elle est totalement originale. Bien qu’inspirée par la musique populaire hongroise, le traitement harmonique est nourri autant par Debussy que par Schönberg, avec une appétence pour les percussions. Sans doute garda-t-il dans l’oreille le son du tambourin dont, enfant, il se servait pour accompagner sa mère au piano. Mes voisins de rang furent un peu effarouchés par les audaces du maître qui restent audacieuses encore aujourd’hui, nous qui croyons avoir tout entendu.
Suivait Georges Enescu, l’antithèse du précédent. Mais c’est un Roumain, Georges, moins sauvage que les descendants des Magyars et des Huns, mais qu’on ne me fasse pas une polémique là-dessus ! La rapsodie N°1 d’Enescu, fut totalement populaire, dansante et tonale. Mes commensaux avaient retrouvé le sourire. Comme on s’y attendait, Enescu préféra finir sa vie à Paris tant à cause de son attirance pour notre musique que pour sa détestation de Ceausescu.
Pour terminer, un musicien de fonds sonores mais qui a du fond. Janko Nilovic, venu du Monténégro, était présent dans le public et fort applaudi. Il a écrit d’innombrables musiques pour meubler, accompagner, illustrer, des arrangements pour quelques chanteurs plutôt jazzy comme ceux pour Jonasz (origine hongroise comme Bartok). En première mondiale, nous eûmes droit à une suite de 7 pièces, comme au bon vieux temps du baroque, celles-ci appelées balkaniques, fort joliment travaillées, façonnées, ciselées et parfois même maniérées. Un concert comme on aime, éclectique mais sans rien céder à la facilité ni au clinquant.
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