NUMERUS CLAUSUS : UN INTÉRÊT DE CLASSE

NUMERUS CLAUSUS : UN INTÉRÊT DE CLASSE

22 mars 2024
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Médecine libérale

Le premier syndicat de médecins libéraux voit le jour en 1884 pour obtenir le monopole des soins et avoir un niveau d'honoraires garanti. Comme le monopole s'accommode mal de la concurrence, il fallait tenter de limiter le nombre de médecins : le concept du numerus clausus était né.

C'est R. Boulin, ministre de la Santé publique et de la Sécurité sociale, qui va le mettre en application en 1971. Pour deux raisons : réduire les dépenses de santé (car le peuple, cet inconscient, consulterait à tort et à travers, trop souvent inutilement belle illustration du mépris de classe) satisfaire les médecins libéraux, inquiets après le mouvement étudiant de mai 68 qui met fin dans les facultés de médecine au mandarinat, c'est-à-dire au pouvoir discrétionnaire des professeurs et des chefs de service sur les internes. Le numerus clausus va donc recréer, d'une autre manière, l'élitisme, puisque l'on va passer de la formation de 9000 médecins à 4000 par an en 1995, favorisant évidemment en cela les intérêts économiques des médecins libéraux.

L'exemple sud-coréen

Un exemple tout récent confirme cette finalité essentielle du numerus clausus : le 6 février dernier, le gouvernement sud-coréen a annoncé que, dès 2025, les quarante facultés de médecine du pays recruteraient chaque année 2 000 étudiants supplémentaires, pour remédier au manque de médecins. Les internes se sont immédiatement opposés à cette hausse : ils reconnaissent la pénurie de médecins mais expliquent que cette augmentation risque de « peser sur leurs revenus ». 4900 internes ont donc abandonné leur poste, soutenus par des professeurs de médecine qui disent vouloir faire de même, et c'est maintenant le chaos dans l'hôpital public.

Supprimé, et après ?

Le numerus clausus a été supprimé en France en 2019, devant le désastre qui s'annonçait, mais les effectifs d’étudiants demeurent limités en réalité par l'insuffisance des capacités d’accueil et des moyens de formation des facultés. Une autre façon pour le gouvernement, qui détruit patiemment l'hôpital public, de conforter les opulents revenus de la médecine libérale.

 

 

 

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