Urgences à Troyes
« Ne venez plus aux urgences », titrait en décembre 2022 la presse locale auboise dans laquelle, les personnels de santé de l’hôpital de Troyes hurlaient leur détresse face à une situation humainement insupportable tant pour eux que pour le public. En fait ce qui se passe à Troyes, n’est rien d’autre que la froide réalité de la déliquescence du système de santé observée au niveau national.
Le témoignage poignant des soignants des urgences troyennes permettait avant tout de mettre la réalité à nu : un personnel à bout qui ne peut plus répondre à la demande ; « comment voulez-vous avoir le temps de faire la toilette, lorsque l’on n’a même pas le temps de donner à manger à tout le monde. Les patients sont tous alignées en rang d’oignons, séparés par des paravents, quand il y en a. Ils reçoivent leur toilette dans ces conditions » (..) « On se retrouve avec des scènes de médecine de guerre ! la population doit s’emparer de ce sujet. C’est trop grave ».
Dans leur témoignage, les soignants troyens insistaient bien sur le manque de lits et de moyens humains : « au-delà même des 200 passages/jour aux urgences, c’est bien le manque de lits qui fait que nos malades restent trois jours sur des brancards » et ce sont souvent « des personnes âgées en mauvais état ». Nous avons tous en tête l’exemple de cette Auboise de 90 ans qui passa quelques mois plutôt 35 heures aux urgences. Un record mais avant tout le quotidien à l’hôpital de Troyes.
Derrière ces mots durs, il y a des choix que n’assument pas les décideurs politiques qui les ont faits.
Cela fait plus de 20 ans que les politiques libérales mises en oeuvre détruisent l’ensemble de nos services publics. Le manque de lit et de personnel à l’hôpital, ce n’est pas nouveau. Pourtant à chaque réforme votée on s’enfonce un peu plus dans la mauvaise direction.
Une des plus symboliques est la réforme de 2004, La t2a (tarification à l’acte) qui a introduit la notion de rentabilité dans les établissements de santé et la concurrence entre ces derniers au détriment de l’hôpital public qui a des contraintes de fonctionnement que n’ont pas les établissements privés qui se désengagent des activités les moins rentables.e
Parce que le traité de Maastricht et celui de Lisbonne (TCE) ont sanctuarisé l’idéologie libérale comme socle de la politique européenne ; et que depuis près de 40 ans, les états membres qu’ils soient conservateurs, sociaux-démocrates ou même d’extrême droite comme c’est le cas en Italie et en Hongrie, s’accommodent parfaitement de cette politique.
En fait, ce qui se passe aujourd’hui en 2024 avec l’ouverture au marché du service public de l’énergie et des tarifs qui deviennent démentiels est, comme dirait l’autre, du « même tonneau » : du libéralisme pur jus.
L’enjeu des prochaines élections européennes est donc bien de tourner le dos aux politiques libérales qui ont lamentablement échoué. La liste de rassemblement de Léon Desffontaines est la seule qui propose depuis toujours une Europe des peuples non soumise à la doctrine du capitalisme financier.
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