Inscription de l’IVG dans la Constitution
Dans un contexte où les attaques contre l’avortement se multiplient partout dans le monde, les parlementaires Français ont fait entrer la « liberté » de recourir à l’interruption de grossesse dans notre Constitution. Seuls deux des cinq parlementaires aubois l’ont voté !
Les marches ont été gravies une à une. Le Parlement, réuni en congrès à Versailles a franchi la dernière : ratifier, à la majorité des trois cinquièmes, l’inscription dans la Constitution de la « liberté garantie » des femmes de mettre fin à une grossesse. Plus d’un demi-siècle après la publication du manifeste des 343, consigner enfin le recours à l’IVG dans la « norme suprême du système juridique français » est une victoire incontestable. Celle de la lutte acharnée des femmes - trop souvent au péril de leur vie - pour leurs droits, pour leur liberté légitime et absolue de disposer de leur corps. Leur combat les honore.
Leurs sacrifices nous obligent. Faire entrer l’IVG dans la Constitution est un acte politique historique qui est unique au monde. Mais, à l’heure où l’hôpital public se meurt sous les coups de boutoir budgétaires, où la médecine de ville traverse une crise profonde, où de plus en plus souvent des centres du Planning Familial sont dégradés par des militants d’extrême droite et où le gouvernement laisse la désertification médicale enclaver des territoires entiers, ne baissons pas les armes. L’accès effectif à l’IVG continue d’exiger vigilance et combativité.
L’IVG recule dans de nombreux pays.
Reste le poids du symbole, la force de l’exemple dans l’universalité du combat car le droit à l’IVG recule dans de nombreux pays, menacé par des gouvernements réactionnaires. Depuis 2022, il a été interdit dans 14 États fédérés des États-Unis.
En Hongrie, ce droit est restreint, et les femmes sont depuis peu obligées d’« écouter les battements de coeur du foetus » avant d’interrompre leur grossesse. L’Argentine a porté récemment à sa présidence Javier Milei, qui qualifie l’IVG d’« assassinat aggravé » et souhaite l’interdire. Son parti a déposé une loi condamnant à de la prison ferme les femmes ayant recours à une IVG et les professionnels qui la pratiquent, sans que le texte ne soit adopté.
La Pologne a, pour sa part, supprimé tout droit à l’avortement (sauf en cas de viol, d’inceste ou de danger pour la femme enceinte), mais pourrait de nouveau l’autoriser à la suite de la victoire en 2023 de Donald Tusk. Ce droit recule drastiquement en Italie, où il est devenu quasiment impossible d’avoir recours à une IVG dans plusieurs régions dirigées par l’extrême droite.
Soyons conscient de l’espoir de ce qui se passe ici fait naître aux quatre coins du monde.
Nous le savons toutes et tous, l’extrême droite, les conservatismes de tout poil sont les ennemis des droits des femmes. Partout où leurs apologistes gagnent du terrain, la liberté des femmes est attaquée. En Afrique, en Amérique latine, aux États-Unis, en Asie, 700 millions d’entre elles vivent sous la contrainte de législations restreignant drastiquement l’accès à l’avortement, quand, dans 24 pays, il est strictement prohibé.
Inscrire l’IVG dans la Constitution n’est pas qu’une affaire nationale. Sa portée traverse les frontières et chuchote à l’oreille de celles et ceux qui se battent contre ce vieux monde et tous ses légataires.
Une fois de plus la majorité des parlementaires aubois n’ont pas inscrit leurs pas sur le chemin escarpé de l’égalité entre les femmes et les hommes. Seul V. Bazin Malgras et E. Perrot ont voté pour faire entrer l’IVG dans la constitution française.
Concernant les députés du RN difficile d’imaginer un soutien à l’IVG. L’extrême-droite a toujours été fondamentalement contre l’avortement. Il suffit de regarder ce qu’il se passe lorsqu’elle est au pouvoir. (notre article de Une) Si certains de ses députés se sont abstenus, comme les deux Aubois, c’est une fois de plus par opportunisme politique. L’extrême droite est prête à tout, à dire tout et son contraire pour accéder au pouvoir. Et c’est justement parce que l’hypothèse du RN au pouvoir peut devenir un jour réalité que l’inscription dans la constitution de l’IVG est un moment historique.
Sur cette question, le rapport de force dans notre pays s’est inversé. La majorité des Françaises et des Français n’accepterait pas sa remise en cause. C’est sans doute cela qui a fait changer d’avis la majorité des parlementaires de la droite républicaine, et cela malgré l’hostilité du président du Sénat, G. Larcher, et le président du groupe LR, tenant de la ligne réactionnaire, B. Retailleau.
Une position idéologique dont n’est certainement pas très éloignée la sénatrice auboise V. Paoli-Gagin qui s’est également abstenue en refusant de « céder à la gloire de l’instant ».
PASSY-CONNH
© 2025 - La Dépêche de l’Aube
Création : Agence MNKY