Sourire extatique de F. Bayrou : il a été relaxé, son honneur est lavé... sauf qu'il a mal lu la sentence : « au bénéfice du doute ». Et le doute est si gros que le Parquet a fait appel de cette décision. Sa défense était sur le mode « je ne suis au courant de rien ». Voilà donc un président de parti qui ne se préoccupe pas de savoir d'où viennent des fonds considérables pour le Modem, qui ne sait pas ce que font les assistants parlementaires Modem au Parlement européen, bref qui n'est pas capable de savoir ce qui se passe dans son parti mais veut devenir président de la France.
E. Macron a lui aussi un problème avec les mots : dès 2017 il annonce que son gouvernement serait sous le signe de la probité. Il a sans doute mal compris le sens du mot « probité », car en moins de sept ans 26 de ses ministres et collaborateurs ont été ou vont être mis en examen, dans la majeure partie des cas pour des affaires d'argent. Mais, qu'il se rassure, c'est très tendance ! Une enquête publiée le 31 janvier par la plateforme d'investigation Follow the Money** montre que près d'un quart des 704 eurodéputés actuels sont ou ont été impliqués dans des scandales (corruption, fraude, détournements de fonds publics, harcèlement moral et sexuel, et même, complicité de meurtre). Et pour l'immense majorité cela concerne la droite illibérale et l'extrême droite. La Cour des miracles, moins la misère.
C'est donc notre acteurprésident*** qui va procéder à la panthéonisation de Mélinée et Missak Manouchian. Il va prendre un ton grave pour évoquer leur amour pour la France des Lumières et l'idéal républicain, leur combat et leur sacrifice pour la Libération de la France. Mais, passé ce grand moment de théâtre, il va retourner à ce pour quoi il est président : les affaires sont les affaires.
* Les affaires sont les affaires, pièce à succès d'Octave Mirbeau, 1903
** traduction : Suivre l'argent
*** en grec ancien, « acteur » se dit « hypocritès »
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