La semaine dernière, toujours aussi furtif qu'un pet sur du verglas, c’était le grand raout annuel du Forum de Davos. Organisé par une fondation suisse (à but non lucratif !), le forum se veut une source de solutions aux grands problèmes du monde, car, paraîtrait-il « le progrès se produit en rassemblant des personnes de tous horizons qui ont la motivation et l’influence nécessaires pour apporter des changements positifs ». De tous horizons… mais pas n’importe qui. L’entrée se fait sur invitation et est réservée à une minorité de privilégiés. Malgré un patrimoine conséquent - 25 millions d’euros -, Marlene Engelhorn n’a pas été invitée. Cette trentenaire Viennoise est une descendante des fondateurs de BASF (chimie) et de Boehringer Mannheim (pharmacie), racheté par Roche en 1997. À ce titre, elle a hérité en 2022, à la mort de sa grand-mère, d’une fortune… qu’elle ne compte pas conserver !
Marlene Engelhorn souhaite en effet qu’une assemblée citoyenne décide de l’utilisation du pactole au profit de la société autrichienne. Une solution « faute de mieux », dans un pays où il n’existe plus d’impôt sur l’héritage. Mais la millionnaire milite surtout pour l’établissement, dans tous les pays, d’une fiscalité forte sur le patrimoine. « Les richesses sont là, l’argent est là. [En taxant le patrimoine] on pourrait vraiment se lancer dans le combat contre les crises et on ne le fait pas. Pourquoi ? Parce qu’il y en a quelques-uns qui préfèrent garder leur niveau de confort et de pouvoir, au lieu de partager leurs ressources avec le monde », estime l’empêcheuse de s'enrichir en rond. De quoi raviver de vieux débats : qui décide de l’utilisation des richesses ? Ceux qui les créent ? Ceux qui les possèdent ? L’État ? Les citoyens ? Mais tant que Davos sera réservé à quelques ultra-riches prêts à débourser des dizaines de milliers de dollars pour y participer, on peut douter que la révolution fiscale fasse un jour partie… de son héritage.
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