« Je ne veux pas de gestionnaires, je veux des révolutionnaires », aurait dit Emmanuel Macron aux ministres du nouveau gouvernement. S’il est un domaine exigeant une révolution, c’est l’éducation. Un récent sondage auprès des 16-24 ans sur leurs connaissances historiques et leurs notions civiques indique que près de la moitié des jeunes interrogés ne savent pas dater des événements tels que la Révolution française ou la chute du mur de Berlin. Très nombreux sont ceux qui n’ont jamais entendu parler de la Shoah ou ne savent pas à quoi renvoie la solution finale ! Et quand on leur fournit la réponse, nombreux sont ceux qui émettent des doutes sur l’existence de ce génocide ! À Romilly, Denis Diderot est le nom du LEP, J.-J. Rousseau celui d'une rue et Irène et Frédéric Joliot-Curie (le lycée) font tourner à vide des méninges trop ménagées. Pas étonnant que cette ignorance crasse ne contribue pas à « révolutionner » les repères… Et le système.
Les jeunes interrogés ne sont pas non plus très « Charlie ». Pour la moitié d’entre eux, on ne doit pas critiquer les religions et 2 sur 5 voient dans la laïcité un prétexte pour discriminer les musulmans. On mesure là l’ampleur de la crise que nous vivons. La responsabilité n’en incombe pas qu’à l’école. L’immense majorité des enseignants fait bien son travail (sans être rémunérée à la hauteur de son investissement). Les écrans phagocytent nos enfants et vident leurs cerveaux. Consciente de cet appauvrissement, la Suède, dont l’enseignement reposait sur le numérique, sort du tout-écran pour endiguer la baisse de niveau. La nouvelle ministre Amélie Oudéa-Castera, ardente propagandiste de l'e-commerce au point d'être élue « Femme du digital 2020 » serait-elle contre-révolutionnaire ? Macron qui s'en dédit. À tel point que l'acronyme AOC, dont elle est désormais étiquetée, pourrait bien vouloir dire Appellation d'Origine Contestable.
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