2024, le « millésime français » annoncé par Macron se réfère aux événements qui vont jalonner l’année : le 80ème anniversaire du débarquement, les JO, la réouverture de Notre-Dame-de-Paris en décembre. Le président peine à cacher son plaisir : quand son deuxième mandat est contrarié, pour ne pas dire enlisé, ces événements braqueront les feux de la rampe sur le pays, mais pas pour parler manifestations, grèves ou « émeutes ». La ficelle n'est pas neuve, c'est une façon de prendre ses distances quand, sur le plan intérieur, tout bringuebale. E. Macron sait jouer en virtuose des commémorations et des hommages. La passion du président pour Notre-Dame est éloquente : dès l'incendie, il s’est raccroché à ce drame pour en capter l'émotion quand il traversait une mauvaise passe, quelques mois après les "gilets jaunes". La cathédrale était devenue un refuge comme lorsque François Hollande, confronté à son impopularité au pouvoir, s’était abrité derrière de longues séquences mémorielles, de ces événements glorieux qui fédèrent et rendent fiers ; ce qui ne l’a pas empêché… d’être empêché.
Commémorer, célébrer, c’est tout ce qu’il reste au président. Le danger, selon l’expression du général de Gaulle, c’est d'être un président réduit à « inaugurer les chrysanthèmes », un ersatz de chef de l’État qui représente, palabre, mais qui n’a de capacité d’agir que celle que lui dicte la finance. Les JO, présentés comme un grand événement populaire interrogent déjà sur ceux qui en seront exclus, laissés sur les bord de Seine. Quant à Notre-Dame, les commémorations raviveront sans doute un temps la fierté, la fraternité et le patriotisme des Français, mais elles n’éteindront ni leurs attentes ni leurs angoisses. Pour nous autres, le « millésime » sera l'entrée au Panthéon, le 21 février, de Mélinée et Missak Manouchian. Car le risque, avec le millésime d' E. Macron, c’est que le vin soit bouchonné.
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