Le caractère du consensus de la COP28 finalement atteint à Dubaï relèverait de la bonne surprise. Soit. Une bonne surprise qui se fait attendre depuis le sommet de Rio en 1992, puis la première COP en 1995 à Berlin. Trente ans ! Mais il a fallu se mettre la cervelle en tire-bouchon pour trouver une terminologie anglaise ambiguë : « transitioning away » - s’éloigner progressivement - des énergies fossiles, et dont la traduction elle-même fait déjà débat. La sortie pure et simple - « phase out » - aurait eu le mérite de la clarté, vitale à l’heure où les scientifiques mettent en évidence le hiatus entre ce qui est fait et ce qui est nécessaire pour assurer un futur viable. Un gros ébarbage lexical a été le prix d'un consensus où les plus candides voient la marque d’un accord « historique » qui n'éclipse même pas les lacunes et les accommodements qui l’assortissent, et qui portent les germes de la foultitude d'arguties qui ne va pas manquer d'éclore.
Comme les 27 qui l’ont précédée, cette COP a accouché d’une déclaration de bonnes intentions où la boussole des profits n'a pas été perdue de vue. Son président, le sultan Al-Jaber, n'avait d'ailleurs pas perdu le nord. Selon la BBC, il en a même profité pour mener des tractations et contractualiser plusieurs accords pétroliers. L'occasion fait le larron. Mais il y a aussi des sujets tabous - ou qui fâchent - dans la lutte contre le réchauffement climatique, à commencer par les inégalités. Le vice systémique, c’est la non-mise en priorité de la lutte contre la pauvreté et donc contre les inégalités comme premier combat à mener. Parce que pour sauver la planète, encore faut-il que ses habitants puissent y vivre en gagnant leur vie décemment. Ça aurait eu de l’allure que ce soit dans le riche émirat de Dubaï que cette question soit au coeur du combat. Mais il y a loin de la COP aux lèvres.
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